Claude Raoul-Duval est décédé le 10 mai 2018 à l’âge de 98 ans. Il était le dernier représentant des pilotes des Forces aériennes françaises libres parmi les compagnons de la Libération.
L’objectif permanent du pilote est de maîtriser au mieux sa trajectoire.
Celle du combattant qu’il fut de 1940 à 1945 résume le courage d’un groupe de femmes et d’hommes résolus à défendre un modèle de civilisation, lorsque tout portait à croire que la France avait cédé au défaitisme de tous et à l’affairisme de quelques-uns.
Lui et ses camarades de l’Ecole de l’Air n’ayant pu rejoindre l’Angleterre à l’annonce de la demande d’armistice du maréchal Pétain le 17 juin 1940, Claude Raoul-Duval gagne le sol britannique cinq jours plus tard sur un bateau hollandais pour poursuivre la lutte dans la France Libre.
Après un entraînement auprès de la Royal Air Force, il intègre le groupe de chasse Alsace et prend part aux opérations au Moyen-Orient, en Libye et sur le front occidental. Abattu en combat aérien, il saute en parachute, est recueilli par la Résistance qu’il va servir pendant quelques mois, avant de reprendre le combat avec ses camarades du groupe de chasse jusqu’à la fin du conflit.
« Il est difficile de comprendre aujourd’hui ce que signifiaient en 1940-1941, les mots Français Libres, en termes de déchirement, de rupture et de fidélité. »
En préfaçant en ces termes le livre de Claude Raoul-Duval intitulé « Ciel de sable », paru en 1978, Romain Gary, qui fut l’un de ses compagnons de route, nous adressait humblement le commandement de rendre grâce à ceux qui, si peu nombreux, surent ouvrir la voie de la Résistance.
Derrière la figure du héros, nous percevons ainsi l’acceptation digne de l’événement en soi, celui qui surgit au hasard de l’Histoire et place Claude Raoul-Duval devant un principe évident de responsabilité: restaurer la capacité du peuple français à décider seul de son destin, en dehors de toute intervention extérieure.
A l’heure où les mots de souveraineté, de démocratie et de libre-arbitre subissent la corruption du langage des nouveaux prophètes de la soumission et du renoncement, le capitaine Claude Raoul-Duval nous laissent, comme le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, plus qu’un héritage.
Leurs trajectoires marquent nos mémoires d’un sillage qui fait sens… d’un sillage qui fait France.
Emmanuel Cointot
Secrétaire départemental de la fédération de Vaucluse