Des amis proches hésitaient encore il y a quelques semaines à user du mot “guerre”. Il leur semblait que c’eut été céder à l’enflure des mots, et qu’il n’y avait pas de commune mesure entre les massacres terroristes – quelle que soit leur horreur – et les guerres passées.
Mais la réalité s’impose. C’est la guerre. Guerre inédite, asymétrique, face à un ennemi protéiforme, mais guerre.
Elle ne ressemble pas à la précédente, comme celle de 1939 ne rassemblait pas à celle de 1914, ni cette dernière à celle de 1870.
Mais c’est la guerre face à ce qu’il faut nommer : l’islamisme, néofascisme d’envergure mondiale. A ses sources, comme pour le fascisme des années trente, l’humiliation et le vide. Humiliation et misère des populations du Proche et Moyen-Orient, vacuité du sens des gouvernements occidentaux, absorbés par la logique de l’instant, du profit immédiat, de la mondialisation rapace, et pour qui la souveraineté démocratique est un concept archaïque auquel il faut préférer “l’Etat de droit”, c’est à dire une machine de règles sans âme et sans vision.
Ce fascisme n’a pas encore d’Etat véritable, mais s’y efforce. Il n’a pas encore vraiment d’armée, il s’y efforce. Mais il a désormais partout ses partisans, ses sympathisants, ses complices. Au Proche-et Moyen-Orient, des états complices qui voient arriver avec angoisse la fin de la rente pétrolière et qui rêvent d’un empire pour leur survivre. Dans notre société, une jeunesse qui n’a pas eu de place.
Au chaos du Proche-Orient et du Moyen-Orient, boîte de Pandore ouverte par les Etats-Unis d’Amérique, répond le chaos d’ici : immigration de masse incontrôlée, jeunesse sans repère, ghettos sociaux.
Le fascisme a toujours le parfum de la chose simple : l’équation binaire où l’existence malheureuse et la complexité du monde viennent se résoudre en un choix entre eux et nous.
Mais lorsque le pas est franchi, la logique enclenchée, ce choix entre eux et nous devient le nôtre.
Nos gouvernants n’en ont pas pris la mesure. Et pour cause. Leur horizon, c’est la mondialisation, la fin des démocraties nationales, le suivisme d’un impérialisme américain qui n’a plus les moyens de son ambition. Au lieu de la paix que peuvent procurer les empires, il génère la guerre.
On nous dit comme pour se rassurer que le tueur de Nice aurait agi seul. C’est l’explication la plus complaisante vis-à-vis de nos insuffisances, et qui reste totalement à démontrer, mais c’est aussi la pire. Elle signifie qu’un jeune homme franco-tunisien déséquilibré et dont la vie est devenue une impasse trouve de lui-même comme issue l’identification suicidaire aux djihadistes et planifie un massacre de masse. C’est en effet spontanément qu’une jeunesse déclassée vint grossir les rangs de la S.A. dans l’Allemagne de Weimar qui meurt de faim en 1929.
Voici que la polémique médiatique, comme d’habitude pour occulter les enjeux réels, disserte sur les moyens de la sécurité mise en place à Nice. A ceux qui se demandent comment un camion de 19 tonnes a pu s’engager sur la promenade des Anglais noire de monde, répondent ceux qui soulignent l’impossibilité de faire face à tous les scénarios possibles face à un tueur déterminé au suicide.
C’est que le problème est ailleurs. Nos gouvernants ne sont pas en retard d’une guerre, mais de deux. Face à un ennemi mobile, insaisissable, créatif, ils répondent comme en 1939 par la défense statique. La ligne Maginot qu’est l’état d’urgence actuel, n’à plus qu’a attendre que l’ennemi s’infiltre par les failles inévitables, que les chars franchissent les Ardennes et que les stukas nous tombent sur la tête.
Comme de Gaulle l’avait prédit avant la guerre de 1939, c’est n’est pas d’une défense dont nous avons besoin, c’est d’une attaque. Qu’est-ce -à-dire aujourd’hui ?
En Syrie comme en Libye, il faut en finir avec l’Etat islamique. Bachar-El-Assad n’est pas plus notre ami que ne le fut Staline, il est un allié obligé. Vladimir Poutine n’est pas notre modèle de dirigeant démocratique que ne voudrions pour nous-mêmes, il est un allié obligé. Car ce ne sont pas eux qui nous tuent.
La politique étrangère de la France est devenue une honte, sous Sarkozy comme sous Hollande. Par suivisme vis-à-vis du néo-conservatisme américain, qui n’est pas mort avec Obama, elle est contraire aux intérêts vitaux du pays.
Nous avons maintenant en France une cinquième colonne. De jeunes Françaises et Français endossent l’uniforme de la Waffen S.S. Qu’ils aient contribué aux réseaux, qu’ils soient partis en Syrie, qu’ils professent l’intolérance et la haine dans des mosquées, ils doivent être arrêtés préventivement. Contraire au droit ? Pas celui de la guerre.
Il y aura des injustices ? Le moins possible, et corrigeables. Mais pour paraphraser Albert Camus, si la justice consiste à ce que le tueur de Magnanville, recruteur djihadiste, ait été remis en liberté après deux ans de prison, il faut préférer la vie des Français à la justice.
Ce virage doit être pris avec les moyens nécessaires, c’est à dire la remise à hauteur des budgets de la Défense et de l’Intérieur. Monsieur Juncker dira ce qu’il voudra.
Il faut que la France soit enfin défendue. Elle le sera avec tous les Français. Elle se le sera avec tous les Français musulmans qui se sentent d’abord Français avant d’être musulmans.
Il faut que la France soit gouvernée pour la France et pour les Français, et que, ce faisant, elle redevienne fière d’elle-même. Désormais, comme autrefois, sa survie en dépend.
François MORVAN
Vice-Président de Debout la France