La France a voté.. Plus au deuxième tour qu’au premier, beaucoup moins cependant d’années en années avec plus de 40% d’abstentions et plus d’un million deux cent mille électeurs qui se sont déplacés pour voter blanc ou nul.
Le vote des 6 et 13 Décembre 2015 est un immense vote par défaut.
Au premier tour, ce n’est pas seulement la vague montante de la révolte et du refus de voir la France se dissoudre qui s’est exprimée. C’est la volonté en positif de voir la nation se redresser, son économie défendue, ses frontières contrôlées, sa sécurité assurée. C’est l’exigence de voir la nation à nouveau au service de tous.
Cette volonté a utilisé le seul moyen que le système politique et médiatique lui a offert, pensant ainsi faire peur et faire renoncer. C’est celui du vote pour le Front national qu’on nous présente depuis des années, à longueur de télévision et d’éditoriaux comme la seule opposition possible à la politique d’abandon, de régression voulue par les partis de gouvernement, arrimés à une politique monétaire et économique ultra-libérale qu’ils appliquent par procuration via le monstre bureaucratique et technocratique de Bruxelles, présenté comme la seule Europe possible.
Depuis des années, on veut faire croire aux Français que nous sommes retournés aux années trente, que le choix serait la démocratie ou le fascisme. La seule chose comparable, c’est que nos gouvernants sont redevenus les mêmes qu’à cette époque, impuissants et manipulateurs, et toujours en retard d’une guerre, alors que le fascisme d’aujourd’hui s’appelle l’islamisme contre lequel il a fallu attendre les cent trente morts du 13 Novembre pour commencer à s’armer véritablement. Commencer seulement, quand on voit la difficulté à nommer l’ennemi, quand on voit la politique de la France au Proche-orient poursuivre son errance tout en modération envers l’Arabie saoudite et le Quatar, et qui continue à faire de Bachar-El-Assad et de Poutine ses ennemis principaux.
Est-ce donc la peur qui a provoqué le renversement du second tour ? Y a t-il là un “sursaut républicain” dont tout les leaders du système se gargarisent, et qui feraient de tous nos concitoyens qui ont voté Front national des anti-républicains ? Ont-ils cédé aux pathétiques, indignes et irresponsables propos de guerre civile tenus par le Premier Ministre ?
La vérité est autre. Les français et les français veulent un profond changement de cap, mais ils ne font pas confiance dans leur majorité au Front National pour gouverner , que ce soit dans les régions où au niveau national. Car si le Front National prétend se “dédiaboliser” , c’est bien pour faire oublier qu’il s’est construit durant trente ans sur la provocation, l’antisémitisme de son ex-président , dans un discours d’affrontement dont les français ne veulent pas. Marine Le Pen, Louis Alliot, Wallerand de Sain-Just et tant d’autres avec eux se sont tus depuis des années avant de faire mine de découvrir en 2015 les ignominies de Jean-Marie Le Pen pour procéder à une épuration de façade. Ils ont joué le rôle qu’attendait d’eux le système : être un repoussoir qui lui serve de faire valoir. Ils veulent aujourd’hui se présenter comme l’alternative mais une majorité de français ne leur font pas confiance, parce qu’ils ont voulu montrer qu’ils avaient changé tout en assumant l’héritage.
C’est donc aussi par défaut que les électeurs et électrices se sont retournés vers les partis de gouvernement pour leur faire barrage, alors que ni François Hollande ni Nicolas Sarkozy ne sont souhaités comme prochains présidents.
Dans tous les discours entendus au soit du 13 décembre 2015, pourtant empreints parfois de lucidité et de gravité, aucun n’a remis en cause les fondamentaux des politiques suivies depuis trente ans. Le même appel creux aux “réformes” , à la lutte contre le chômage, contre le matraquage fiscal, contre la bureaucratie publique, alors que tous ces maux qu’ont qu’une seule source : le dogme du libre-échange à tout va, le soutien à la chimère de l’Euro, le nivellement par le bas de notre économie et de notre système éducatif, tout ce qui empêche aujourd’hui la France de tenir son rang alors que toutes la nations qui réussissent se donnent les moyens de se battre et d’exister.
La France est orpheline. Les français ne veulent plus être gouvernés comme avant. Les dirigeants des partis de gouvernement sont épuisés. Mais les français ne veulent pas de l’aventure ni de l’autoritarisme.
L’alternative que nous portons se construit comme un patriotisme tranquille, rassembleur, moderne, qui veut une autre Europe, un changement de cap économique et monétaire, pour tous et avec tous. Il n’y a pas d’autre voie. Debout la France !
François MORVAN
Vice-Président de Debout La France