Dans une tribune publiée ce jour dans Le Figaro, François FILLON jure ses grands dieux qu’il ne veut pas privatiser l’Assurance-Maladie née de 1945, mais au contraire la préserver et même en étendre le champ d’action sur les soins dentaires, les soins optiques. Il semble regretter la généralisation des mutuelles qui prennent progressivement la place de l’Assurance -Maladie, ce qui doit être compris comme une auto-critique puisque c’est bien sous son gouvernement que cette logique a pris tout son essort avant d’être poursuivie sans retenue par le gouvernement “socialiste”.
Il faut croire que ses oreilles ont du siffler lorsque’il a entendu le torrent de critique qui a réagi à ses propositions de candidat à la primaire. Est ce bien le même qui il ya moins d’un mois proposait de “redéfinir les rôles respectifs de l’assurance publique et de l’assurance privée », souhaitant que « pour ce qu’on appelle le petit risque, on aille vers les assurances complémentaires », en voulant « un bouclier de santé » pour les personnes à revenus modestes, ce qui ne peut se comprendre que comme une assurance minimum tandis que les plus aisés se financeront davantage eux-mêmes par le bais des mutuelles et des assurances ?
Aurait-on raison d’avoir désormais confiance ? Sûrement pas.
Car que signifie la nouvelle usine à gaz dénommée “’Agence de régulation et de contrôle” qui piloterait à la fois l’Assurance Maladie et les mutuelles, sinon la volonté de continuer dans la même voie ?
Et surtout, François Fillon a bien compris que le financement de notre système de santé exige une “bataille pour l’emploi et la croissance”. Mais le remède qu’il propose se réduit en fait à “diminuer le coût du travail”. Il ne nous dit rien sur la nécessité de combattre l’économie low-cost qui à la source du chômage de masse, qui associe importations déloyales, frontières-passoires, travailleurs détachés et délocalisations.
Le candidat Fillon est pris à son piège. Il a flatté à la primaire un électorat aisé et retraité par un programme d’inspiration thatchérienne, alors que la France a au contraire besoin d’un changement de cap radical qui implique la relocalisation des emplois et la protection intelligente contre la mondialisation inhumaine, qui nous tire depuis quatre décennies vers le bas. Le voici maintenant nous assurer la main sur le cœur que on l’a mal compris.
La France a besoin d’une perspective cohérente, et non d’un candidat à géométrie variable.