Le 27 janvier 2016, Christiane Taubira démissionnait du gouvernement et délaissait son mandat de ministre de la justice. Son remplaçant, Jean-Jacques Urvoas, est un député totalement inconnu du grand public qui a toujours travaillé ses dossiers dans la discrétion. Et pourtant, en étant rapporteur de la loi relative au renseignement, il est l’architecte d’une des lois les plus dangereuses qui ait été votée durant le mandat de François Hollande.
Cette « loi relative au renseignement » a posé toutes les bases pour autoriser une surveillance de masse et indifférenciée des citoyens de notre pays. Elle définit les cibles des surveillances par des critères beaucoup trop larges et permet aux services de police de se connecter directement aux équipements des Fournisseurs d’Accès à Internet pour effectuer cette surveillance de masse.
Nous souhaitons que notre police ait les moyens de lutter contre le terrorisme mais le terrorisme n’est ici qu’une excuse pour délier les mains du pouvoir. Les perquisitions liées à l’Etat d’Urgence nous ont montré que nos policiers savent très bien où chercher pour trouver des armes, de la drogue et des fugitifs. Nous savons tous quels sont les milieux à surveiller et quels sont les individus les plus à risques. Mais au lieu de demander une augmentation des effectifs de police pour surveiller tous les fichés S qui se promènent librement dans nos rues, M Urvoas a jugé utile de se battre pour instaurer une surveillance généralisée des citoyens.
Avec cette loi, le parlement a surarmé le gouvernement et, connaissant le niveau de corruption de notre classe politique, nous ne sommes pas confiants dans l’utilisation qui en sera faite. Debout La France est soutenu par de nombreux lanceurs d’alertes qui se sont émus de cette loi, eux qui savent bien ce qu’implique une lutte contre le pouvoir politico-financier. Nous sommes également un parti jeune, dépendant d’un Internet libre pour contourner le verrouillage des autres médias imposés par les vieux partis.
Avec cette loi sur le renseignement, Jean-Jacques Urvoas a ouvert une boite de Pandore qui pourrait aboutir à des situations d’espionnage d’opposants politiques, de chantage auprès de « généreux donateurs » ou de pression sur les lanceurs d’alerte qui viendraient dénoncer les affaires dérangeantes de la classe politique. Il a fait preuve au mieux d’irresponsabilité, au pire de malveillance.
Désormais, M. Urvoas a une responsabilité encore plus élevée au sein de l’Etat et nous espérons qu’il saura se reconcentrer sur les personnes qui représentent un réel danger pour notre République. Il y a des prisons à construire et à rénover, il y a un système judiciaire à soutenir, il y a des lois laxistes à durcir, il y a des individus à isoler…
La mission d’un ministre est de servir la France, son peuple et sa république. Nous ferons très attention à ce que fera Jean-Jacques Urvoas par la suite et nous nous opposerons à toute escalade de la surveillance, qui ne ferait que détourner les enquêteurs de leurs véritables cibles. Après le fiasco Taubira, Jean-Jacques Urvoas porte naturellement un certain espoir de renouveau. C’est désormais à lui de faire oublier sa loi sur le renseignement et de prendre enfin les mesures nécessaires pour sortir la justice française de l’impasse.
Franck Boisgibault,
Délégué National au Numérique