Ceci est une expérience vécue sur les contrats aidés.
En août 2017, je décide avec mes adjoints du Conseil Municipal, d’embaucher un jeune par le système des contrats aidés développé par le gouvernement précédent, ceci afin d’aider notre agent communal chargé de l’entretien de la commune. Nous prenons contact avec la Mission Locale qui sélectionne plusieurs jeunes ayant le profil recherché et avec mes adjoints nous les recevons et ensuite nous en sélectionnons un. Avant de donner suite je prends contact avec le secrétaire de mairie de la petite commune où ce jeune réside afin de savoir s’il le connaît et il me donne de bons renseignements. Je décide avec l’accord de mes adjoints d’embaucher ce jeune prénommé Steven.
Avant de lui faire part de la bonne nouvelle, je décide d’appeler le lendemain de l’entretien la Mission Locale pour les informer. Et là, c’est la consternation, la Mission Locale vient d’apprendre que le gouvernement et son premier ministre viennent de supprimer les contrats aidés et ceci, sans préavis, du jour au lendemain. Heureusement que je n’avais pas appelé le jeune !
J’ai été contacté par Radio Bleue Haute Normandie puis ensuite par France Culture et j’ai expliqué que si pour le gouvernement les contrats aidés c’était des statistiques, pour moi c’était des êtres humains que je recevais et qu’il fallait aider à remettre dans le « circuit » de la société, que de changer les règles du jour au lendemain cela n’était pas correct. Si le gouvernement avait arrêté les contrats aidés le 1er janvier 2018, voire le 1er octobre 2017, cela aurait pu se comprendre mais là du jour au lendemain…
J’ai pris contact avec Agnès Canayer, Sénatrice et ancienne adjointe d’Edouard Philippe à la Mairie du Havre et surtout Présidente de la Mission Locale qui m’a aidé à trouver une solution afin d’embaucher ce jeune. Ceci a pu se faire le 1er janvier 2018, je ne ferais pas de commentaires sur le temps passé entre l’entretien et la date d’embauche de ce jeune ! Steven a dû passer par des moments de découragement car il ne trouvait rien n’étant pas diplômé.
J’ai rencontré des Gestionnaires de collèges et de lycées qui ont rencontré de gros problèmes d’organisation avec la suppression de ces contrats sans parler du nombre de clubs sportifs qui ont dû refuser bon nombre de jeunes attirés par le foot après la victoire de l’équipe de France en Coupe du Monde par manque d’éducateurs bénévoles et de contrats aidés !
Au Conseil National du 1er décembre, un intervenant a parlé de Dignité, c’est juste ! Ce jeune a retrouvé une certaine dignité et un espoir en la vie. J’ai un collègue Maire d’une commune voisine qui cherchait un renfort de 2 jours par semaine pendant 5 mois afin d’aider son agent d’entretien et il a pris en complément Steven car le contrat aidé est limité à une vingtaine d’heures par semaine. Steven a trouvé un logement et je l’ai reçu dernièrement pour lui dire que je lui prolongeais d’un an son contrat. Il avait les yeux qui brillaient ! Nous allons recevoir moins d’aides de l’Etat mais qu’importe ! Steven s’épanouit dans son travail et nous allons l’inscrire pour des formations professionnelles afin qu’il puisse étendre ses connaissances techniques. J’ai un autre collègue Maire qui m’a appelé et qui serait intéressé pour l’avoir 2 jours par semaine.
Quand on est Maire d’une petite commune comme la mienne : Heuqueville (714 habitants, ce qui situe cette commune dans le premier tiers des communes les plus peuplées de France), on ne peut pas faire d’embauches si ce n’est par ces contrats aidés. J’ai signé quelques contrats aidés depuis que je suis en fonction (2008) et j’ai pu en embaucher 2 comme agents que j’ai titularisé suite à des départs en retraite. Mais le plus important c’est d’avoir mis ou remis le pied à l’étrier pour quelques personnes !
Cela peut apporter un complément par rapport au projet de Travail Universel car tous les gens qui sont assistés ne veulent pas rester dans l’assistanat.
Patrick Bucourt
Président d’Honneur Debout la France de Seine-Maritime
Maire d’Heuqueville