Aujourd’hui, douze millions de Français s’offrent le luxe d’être handicapés en France.
Travailler ou être indemnisé, il faut choisir !
Oui, un luxe ; en tout cas, c’est ainsi que nos gouvernements successifs ont considéré les situations de handicap, car l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) semble plus leur apparaître comme un supplément d’âme plutôt qu’un véritable moyen de subsistance : diminuée à loisir en fonction des revenus de votre conjoint, diminuée si cumulée avec le RSA pour obtenir… l’équivalent du montant du RSA sans AAH, diminuée drastiquement si vous travaillez.
En effet, toute personne handicapée intégrée dans le monde du travail perd tout ou une majeure partie de son AAH, bien que son handicap soit toujours présent et toujours aussi onéreux. Alors que les secrétaires d’État successifs chargés des personnes handicapées affichent comme priorité l’insertion de ces dernières dans le monde du travail, tout semble être fait pour qu’une personne handicapée reste inactive. Car jamais les efforts des personnes handicapées pour travailler ne sont récompensés, bien au contraire.
S’impose alors dans les esprits une binarité mensongère, car totalement déconnectée de la réalité : soit l’on est handicapé donc l’on ne travaille pas, soit l’on peut travailler donc l’on n’est pas handicapé ou suffisamment handicapé. Que faire d’une personne handicapée que son handicap obligerait à travailler à temps partiel par exemple ? Que faire des frais engendrés spécifiquement par le handicap ? Ils ne disparaissent pas par magie dès lors que la personne handicapée perçoit un salaire.
Ainsi, avoir un emploi quand on est handicapé apparaît presque comme une mauvaise idée, attendu que l’AAH seule n’est pas imposable, c’est une allocation, tandis que tout salaire évidemment l’est. Commencent donc un dilemme moral et un casse-tête financier pour l’actif handicapé : travailler oui, mais pas trop ; sinon, l’on perd les miettes concédées au handicap, pourtant les frais liés au handicap demeurent, les adaptations restent à financer. Imagine-t-on par exemple la disparition totale des allocations familiales à partir du moment où l’on reçoit le moindre revenu ?
De surcroît, l’AAH n’est pas la seule à se volatiliser : il suffit de dépasser de quelques euros le plafond d’imposition pour qu’une personne handicapée perde un certain nombre d’avantages comme la gratuité des transports en commun. N’est-elle plus handicapée ? Le handicap disparaît-il avec le salaire ?
Les personnes handicapées ne demandent pas l’aumône, ni d’être payées à ne rien faire, elles réclament compensation du handicap, afin qu’Égalité dans notre devise ait un sens.
Épargne et propriété, le parcours du combattant.
Le handicap est aussi un pari « perdant-perdant » pour les épargnants handicapés et primo-accédants à la propriété.
Ce n’est un pas secret qu’une personne handicapée a plus de difficultés pour obtenir un prêt pour l’acquisition d’un logement qu’une personne valide. Pour être propriétaire de leur résidence principale, comme de nombreux valides, les personnes handicapées épargnent durant de nombreuses années afin d’emprunter le minimum de manière à ce que la banque leur accorde leur prêt. Seulement, une allocation n’est pas un revenu, elle n’est rien, on ne prête pas.
Les intérêts de certains placements sont soumis aux prélèvements sociaux, ce qui fait qu’une personne handicapée non imposable mais avec une épargne assez conséquente doit s’acquitter de la somme mentionnée sur sa situation déclarative d’impôts. Cette somme n’est pas un impôt donc aucun don ne permet de réduire le montant à payer.
Là encore, avec un total supérieur à 0€ sur la situation déclarative d’impôts, les personnes handicapées ne bénéficient pas de certaines aides dont elles pourraient bénéficier, notamment pour l’acquisition d’un fauteuil roulant ou d’un chien guide. Travailler ou être handicapé, il faut choisir !
Un appartement adapté pour une personne handicapée coûte beaucoup plus cher qu’un logement dit classique. Selon une étude publiée par Meilleurs Agents* le simple fait qu’il y ait un ascenseur dans un immeuble peut faire augmenter le prix du m² jusqu’à 5,3%. À titre d’exemple, le prix du m² est de 10 063€ pour un appartement sans ascenseur au 6è étage à Paris XV contre 10 600€ pour le même appartement avec ascenseur.
Conclusions :
Le coût de la vie d’une personne handicapée est beaucoup plus élevé que celui d’une personne valide. Afin de pallier cette déficience, voici mes propositions :
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– Cumul salaire + AAH à 100%,
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– Ne plus prendre en compte le revenu du conjoint dans le calcul de l’AAH,
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– Mettre fin à la discrimination bancaire à l’égard des personnes handicapées pour l’obtention d’un prêt,
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– Prendre en compte les dons pour diminuer les sommes dues suite aux prélèvements sociaux sur l’épargne.
-Créer un revenu minimum handicap pour les personnes étant dans l’incapacité totale de travailler ?
Thomas CALVIFIORI
Membre du groupe de travail sur le handicap.
Erick DAMAISIN
Délégué national pour la dignité des personnes handicapées.
https://www.lavieimmo.com/prix-immobilier/avoir-un-ascenseur-a-paris-un-atout-qui-fait-bondir-les-prix-immobiliers-47880.html