Les grèves de la SNCF et la difficulté de circulation des Français – et notamment des Franciliens – pour se rendre à leur travail montrent les limites de l’organisation du travail dans notre pays. Il est temps de réfléchir sérieusement au développement du télétravail pour les salariés français.
En effet, l’organisation territoriale actuelle de travail n’est plus tenable pour les salariés comme pour la société.
Chaque jour, près de 7,4 millions de Franciliens utilisent les transports ferroviaires. 32% des Franciliens passent entre une et deux heures par jour dans les transports pour réaliser le trajet domicile-travail[1] selon une étude que publie l’Observatoire régional de santé en Ile-de-France. C’est source de stress pour les travailleurs et amenuise autant leur qualité de vie que leur productivité. Et ce alors que les conditions de transports se dégradent.
Ces trajets domicile-travail sont également un coût pour la société. En 2010, le coût du remboursement des transports pour les employeurs s’élevait à plus de six milliards d’euros[2]. Ce sont autant de charges qui pèsent sur la compétitivité des entreprises.
Pourtant, alors que 78% des emplois français sont issus du secteur tertiaire, que les nouvelles technologies de cessent de révolutionner notre rapport à l’entreprise et qu’une large majorité de salariés souhaiteraient bénéficier du télétravail ((61%, selon le ministère du Travail), ce mode d’organisation de la production peine à se développer.
La loi sur le renforcement du dialogue social de 2017 simplifie grandement le recours au télétravail pour les salariés. Il devient un droit pour le salarié auquel l’entreprise ne peut s’opposer (sauf raison valable) très facile à mettre en place. Mais elle ne pourra fonctionner pleinement qu’avec la mise en place de fortes incitations pour les entreprises qui sautent le pas, comme, par exemple, une baisse de charges.
Ils pourraient, à terme, permettre le développement du télétravail dans certaines zones périurbaines ou au bénéfice de villes qui jusque-là voyaient les emplois se concentrer dans les grandes agglomérations. Dans cette optique, et afin de permettre le développement du télétravail dans certaines zones périurbaines ou au bénéfice de villes qui jusque-là voyaient les emplois se concentrer dans les grandes agglomérations, le promoteur Nexity a déjà ouvert plusieurs centres de télétravail dans des zones résidentielles pour permettre à certains salariés de travailler un ou plusieurs jours par semaine à proximité de leur habitation[3]. L’agglomération de Cergy-Pontoise envisage de faire de même autour de sa gare.
Pour développer ce type d’organisation du travail, qui permettrait de relocaliser des emplois tertiaires dans des zones économiquement sinistrées ou éloignées des cœurs économiques, il serait nécessaire de :
– Encourager le développement par les collectivités de pépinières de télétravail, sur le modèle des pépinières d’entreprises, qui permettraient à des entreprises de louer des espaces de travail certains jours de la semaine pour leurs salariés.
– Permettre aux entreprises qui facilitent le télétravail par une baisse des charges.
– Investir dans la couverture numérique de la France afin que chaque territoire dispose de la fibre optique et de l’internet très haut-débit.
Jean-Pierre Enjalbert
Maire de Saint-Prix
Délégué national à la transition écologique
1] http://www.lexpress.fr/emploi/les-salaries-d-ile-de-france-champions-du-temps-passe-dans-les-transports_1292867.html
[2] http://www.collectivites-locales.gouv.fr/reforme-fiscalite-directe-locale-0
[3] « Un bureau pour travailler presque chez soi », Le Parisien, 22 octobre 2014