Après les attentats du 13 novembre et la proclamation de l’état d’urgence, nous restons toujours stupéfaits, interloqués et même scandalisés par les mesures prises par les autorités gouvernementales qui ne sont pas du tout à la hauteur de l’événement.
Nous souhaitons évoquer ici le problème du port de l’arme par les policiers et les gendarmes.
Alors que « la France est en état de guerre » (dixit François Hollande), que Manuel Valls emploie, à juste titre, des mots très forts, bref une très bonne communication qui se heurte de plein fouet aux réalités des mesures prises.
Le Directeur Général de la Police Nationale, Jean-Marc Falcone, sur instructions gouvernementales, vient d’écrire une note de service autorisant les policiers de la police nationale à porter leur arme hors service c’est-à-dire à leur domicile à condition qu’ils soient volontaires, que leur chef de service soit informé, qu’ils aient un brassard de police et qu’ils aient fait une séance de tir en formation. Cerise sur le gâteau : cette mesure est valable à partir de décembre et pour une durée de 3 mois soit celle de l’état d’urgence.
Les bras nous en tombent !
Alors que l’on vient de découvrir des centaines d’armes lors des perquisitions dont une bonne partie d’armes de guerre voilà que le ministère de l’Intérieur prend des précautions invraisemblables pour autoriser le port d’arme des policiers hors service, comme si les autorités se méfiaient de leurs propres agents.
Ceux qui ont pris de telles décisions n’ont encore rien compris à la situation actuelle. Il est évident que tous les policiers et gendarmes doivent porter leur arme en et hors service, sauf dans le cas de déplacement à l’étranger. La question ne devrait même pas se poser, sauf dans l’esprit légèrement torturé de hauts fonctionnaires et responsables politiques qui ne sont manifestement pas à la hauteur d’une situation qui ne durera pas trois mois, mais probablement des dizaines d’années.
Une telle mesure devrait être obligatoire.
Par ailleurs, indiquer que les policiers volontaires doivent avoir fait une séance de formation, revient à reconnaître implicitement que les heures d’entrainement au tir qui sont réglementaires ne sont pas toujours respectées !
Cette même incohérence se retrouve dans les conditions d’attribution des autorisations de port d’arme pour les agents privés de protection des personnes. La Direction des Libertés Publiques et des Affaires Juridiques du ministère de l’Intérieur a pour principe de ne pas délivrer des autorisations de port d’arme pour ces agents, à de très rares exceptions que je n’évoquerai pas ici pour des raisons de sécurité évidentes. Par contre, quand le demandeur est un agent privé étranger l’autorisation lui est plus facilement accordée. On se retrouve ainsi avec des agents privés étrangers portant légalement des armes en France (nous ne parlons même pas de ceux qui se passent de cette autorisation), ce qui fait que nos sociétés perdent des marchés gagnés par des sociétés étrangères travaillant en France pour de riches clients. Ce paradoxe aboutit à la constitution de filiales étrangères de sociétés privées françaises qui reviennent ainsi travailler en France. Là aussi, on marche sur la tête en accordant à des étrangers qui ne connaissent même pas le droit français de la légitime défense des privilèges que n’ont pas les citoyens français !
Ce pays est bien malade quand, d’une part, on affirme haut et fort que l’on est en guerre et que, d’autre part, on impose des conditions restrictives au port d’arme pour les agents qui sont justement chargés de la protection des citoyens. Finalement, les terroristes et criminels de tout poil ont de beaux jours devant eux avec nos responsables qui ne sont en réalité que des amateurs d’une naïveté confondante.
Eric Stemmelen
Délégué national à la Sécurité