Avec plus de 44 000 monuments classés ou inscrits, la France détient un ensemble exceptionnel de sites patrimoniaux. Depuis le début de son mandat, E. Macron s’affiche comme un Président soucieux de la préservation du patrimoine français. La réalité est toute autre. L’incendie de Notre-Dame nous a brutalement rappelé que cet héritage incomparable est en péril, à l’image des églises de notre pays qui ne peuvent plus être sauvegardées par des communes financièrement asphyxiées.
Sur les 3,63 milliards d’euros du budget du Ministère de la culture en 2019, seuls 346 millions (moins de 10% du montant total) sont consacrés à la sauvegarde des monuments historiques, soit 30 millions de moins qu’en 2012. Tous les spécialistes s’accordent pour dénoncer l’extrême faiblesse de cette somme tant les besoins sont immenses. Alors que les Français manifestent un attachement charnel à leur patrimoine, son état général se dégrade et le gouvernement d’Emmanuel Macron s’en désintéresse. Le Canard enchaîné montre que pour 2019, seulement 18,82 millions d’euros de crédits sont prévus par l’Etat pour l’entretien des monuments historiques lui appartenant (200 édifices dont 86 cathédrales), soit moins de 100 000 euros par monument ! Pour les crédits de rénovation, les 14 100 édifices ou objets classés monuments historiques devront se partager 71,8 millions d’euros. Pire, concernant la restauration de Notre-Dame, l’Etat ne s’était engagé à verser que 40 millions d’euros sur les 210 millions d’euros nécessaires d’ici 2029… Les chiffres parlent d’eux-mêmes : derrière les belles intentions, E. Macron joue double-jeu et c’est le patrimoine français qui trinque.
Si j’ai salué l’initiative du loto du patrimoine portée par Stéphane Bern, elle ne doit pas servir de cache-misère à l’indigence de la politique patrimoniale de ce gouvernement. Les 22 millions récoltés prouvent la volonté des français de participer à la rénovation de leur patrimoine mais n’arrivent pas à masquer l’abandon de l’Etat. Pour remettre en perspective ces chiffres, on estime qu’il faudrait 1 milliard d’euros pour restaurer et 300 millions d’euros pour entretenir nos monuments.
La récente loi ELAN supprime de nombreuses protections dont bénéficiaient jusqu’à présent les monuments. Ainsi, l’avis conforme des Architectes des Bâtiments de France, ne sera plus que facultatif, pour détruire des immeubles insalubres ou en ruines, même s’il s’agit de sites patrimoniaux remarquables et identifiés ! 7 à 10% de nos monuments seraient visés par cette mesure. Comme l’a si bien dit Stéphane Bern, le quartier parisien du Marais aurait, sous ce régime, été rasé. Emmanuel Macron n’est pas clair vis-à-vis du patrimoine : derrière le discours de façade, les actes ne suivent pas.
Comme le signale Didier Rykner, le directeur du site La Tribune de l’art, E. Macron n’est pas le seul à pratiquer le double discours. Mme Hidalgo a beau jeu d’annoncer 50 millions d’euros pour la reconstruction de Notre-Dame : à l’image de la Madeleine ou de Notre-Dame de Lorette, les églises parisiennes sont dans un état déplorable, résultats d’années d’absence d’entretien.
Notre pays a la chance de disposer d’un patrimoine unique, témoin de sa grande histoire et de son rayonnement culturel. Préserver cette beauté, ces lieux où souffle l’esprit, doit devenir un impératif politique, d’autant plus que mener une politique volontariste pour la patrimoine amène des résultats propices à la collectivité. En tant que maire de Yerres, j’ai mené à terme le projet de rénovation de la propriété du peintre impressionniste Gustave Caillebotte. Entièrement réhabilitée, elle est devenue la première destination touristique de l’Essonne.
C’est pour cette raison que depuis plusieurs années, nous proposons avec Debout la France un vrai Plan national pour le patrimoine dans lequel les communes occupent un rôle moteur. Ce plan comporte 5 mesures fortes :
– Aider les communes à restaurer leur patrimoineen étendant la défiscalisation de 75% prévue par le Gouvernement pour Notre-Dame aux dons aux communes.Le projet “un village, un clocher” permettra de relancer l’activité des entreprises et des artisans d’art travaillant dans la restauration des monuments, de protéger et de promouvoir le savoir-faire français, dans ce domaine.
– Utiliser les chantiers publics de restauration du patrimoine comme un outil de réinsertion pour les jeunes non qualifiés et les chômeurs de longue durée, en exonérant les entreprises de charges sociales pendant le chantier.
– Renforcer la protection du patrimoine applicable aux monuments historiques, et aux sites, sans oublier le second-œuvre et les ensembles mobiliers afin d’interdire les pratiques dites du dépeçage.
– Doubler la part dédiée au patrimoine dans le budget du Ministère de la culture, c’est à dire la faire passer de 10% à 20% du budget, soit environ 700 millions d’euros,
– Redéployer les crédits dédiés au patrimoine vers des projets de taille modeste, irriguant ainsi l’ensemble du territoire national.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la France
Candidat tête de liste aux élections européennes