Ils sont huit élus locaux, issus du MRC, du PCF, du PG et de Debout la France. Le 29 mai dernier, dix ans après le référendum sur le Traité constitutionnel européen et le "mépris de la démocratie qu'a constitué le non respect du vote du peuple souverain", ils se sont réunis à Coudekerque-Branche, dans le Nord, d'où ils ont décidé de lancer cet "appel" afin "d'ouvrir un débat, de manière publique et transparente sur ce que nous pouvons partager." Et ce qu'ils partagent, c'est justement "la question de notre souveraineté nationale" qui, écrivent-ils, "conditionne notre capacité à reprendre le chemin du progrès social et à mettre en œuvre la promesse républicaine et d'émancipation citoyenne."
Ce vendredi 29 mai 2015, nous nous sommes donnés rendez-vous à Coudekerque-Branche (Nord) pour rappeler ce que fut le vote des Français le 29 mai 2005 lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen, rejeté par près de 55 % des citoyens. Le déni de ce vote fondateur, réplique puissante du séisme du 21 avril 2002, explique en partie les résultats aujourd'hui du Front national.
Nous venons d'horizons différents (Parti communiste français, Parti de gauche, Debout la France, Mouvement républicain et citoyen), mais au-delà de ce qui nous sépare, que nous ne voulons pas occulter, il nous semble aujourd'hui essentiel, d'ouvrir un débat, de manière publique et transparente sur ce que nous pouvons partager.
Aujourd'hui, au regard de l'évolution politique en France et en Europe durant ces dix dernières années et du mépris de la démocratie qu'a constitué le non respect du vote du peuple souverain, il nous faut faire l'analyse de cette décennie écoulée.
Pour cela, nous avons pu vérifier lors de la réunion publique de Coudekerque-Branche du 29 mai 2015, qu'il était indispensable de placer au cœur de notre réflexion et de notre action politique, la question de la souveraineté nationale et de son exercice. Cette souveraineté est la condition et la définition pour qu'un peuple soit libre de faire les choix qu'il estime bon pour lui.
Nous pensons, que c'est encore dans le cadre de la nation que s'exerce la démocratie et que les nations restent les moteurs de la vie politique et des relations internationales. Cela n'exclut en rien la possibilité de politiques communes et de coopérations internationales, bien au contraire. Mais force est de constater que si nous ne parvenons pas à regagner des marges de manœuvres politiques rendant aux peuples la capacité de reprendre en main leur destin, les pires dérives seront à craindre. Les exemples grecs et espagnols doivent à ce sujet, nous éclairer.
Au nom de la « concurrence libre et non faussée » érigée en véritable dogme, en ayant perdu au niveau des Etats la possibilité de maîtriser nos politiques budgétaires, financières, commerciales, nous assistons à la liquidation pure et simple de l'ensemble des conquêtes sociales issues des combats du mouvement ouvrier, de la mise en place de l'Etat providence et de la politique d’indépendance nationale gaullienne. L'affirmation de l'Union européenne comme fidèle relais de la marchandisation généralisée, du triomphe idéologique du néo-conservatisme, de la mondialisation et de la globalisation financière, non seulement nous inquiète, mais porte en elle de graves dangers. Ces bouleversements nous obligent à envisager la période avec de nouvelles pratiques et de nouvelles ambitions. Ensemble, nous considérons que la question de notre souveraineté, conditionne notre capacité à reprendre le chemin du progrès social et à mettre en œuvre la promesse républicaine et d'émancipation citoyenne.
Pour cela, il nous faut travailler et réfléchir ensemble. Rappelons-nous l’esprit et des exploits du Conseil national de la Résistance. Il convient de mettre en place un espace de dialogue, d'analyse au delà de nos différences. Cela sous-entend que nous soyons en capacité d'aller « au-delà de nous-même » et de nos appartenances partisanes. C'est le seul moyen de rendre espérance au peuple français et de démontrer notre capacité à nous conduire en « républicains », à fabriquer du « commun » et de placer l'idée que nous nous faisons de l'intérêt général au-dessus des intérêts particuliers. Les héritiers du gaullisme, la tradition communiste, les patriotes républicains, la gauche républicaine et internationaliste, les chevènementistes, ont démontré dans leur histoire qu'ils avaient, quand les circonstances l’exigeaient, cette capacité à se hisser à la hauteur des défis et des situations, pour peser sur le cours de l'histoire. Ce moment est certainement venu et il nous faut ouvrir ensemble cet espace de rencontre et de dialogue qui doit permettre de tracer une nouvelle perspective politique digne du peuple français.
* Jean-Yves Autexier, ancien sénateur, ancien député et conseiller de Paris (MRC), David Bailleul, maire de Coudekerque-Branche, premier vice-président de la communauté urbaine de Dunkerque (MRC), Stéphane Gouvart, adjoint au maire de Cappelle-la Grande, conseiller communautaire de la communauté urbaine de Dunkerque (PCF), Jacky Hénin, ancien député européen, conseiller municipal et communautaire de Calais (PCF), Christian Hutin, député du Nord, Maire de Saint-Pol-sur-Mer (MRC), Claude Nicolet, conseiller régional Nord-Pas-de-Calais (MRC), Jean-Philippe Tanguy, délégué national aux fédérations (Debout la France), Laurent Vanrechem, adjoint au maire de Coudekerque-Branche, conseiller communautaire de la communauté urbaine de Dunkerque (Parti de gauche).