Le Président de la Commission européenne, M. Juncker, a présenté hier devant le Parlement européen son cinquième et dernier discours programmatique annuel dit « de l’Etat de l’Union », pathétique singerie des pratiques institutionnelles américaines. Toutefois, même si son mandat prend fin en juin 2019, la Commission Juncker continuera, d’ici là, son entreprise de déconstruction des nations.
Dans son long discours fédéraliste, M. Juncker a fait plusieurs annonces inquiétantes. Ainsi son intention de « renforcer le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes ». Il s’agira d’un corps européen, qui opèrera en doublon des douaniers et garde-côtes français sur notre territoire. Or, les frontières, c’est aux États de les garder et non à l’union européenne. Stopper la submersion migratoire n’est pas l’objectif de M. Juncker. Il veut au contraire, comme il le dit, imposer de nouvelles voies d’immigration légale.
Le Président de la Commission a également exprimé son intention de supprimer le droit de véto de chaque Etat membre sur la politique extérieure de l’union européenne. C’est totalement inacceptable. Les relations extérieures (hors UE) sont en effet l’un des derniers bastions régaliens qui ait résisté tant bien que mal jusqu’à présent à l’intégration européenne.
Il est en revanche un droit de véto que M. Juncker n’entend en rien supprimer, celui requis en matière de fiscalité. Le Luxembourg, que M. Juncker a gouverné pendant vingt ans, utilise ce droit de véto pour pouvoir continuer de phagocyter les recettes fiscales des grands Etats-membres, en étant le siège européen fictif de grandes multinationales, sans que l’UE ne puisse y remédier. M. Juncker a certes évoqué la levée de ce véto pendant son discours, mais en utilisant la « clause passerelle » du Traité de Lisbonne qui, pour être activée, requiert justement l’unanimité des Etats membres. Donc cette clause ne pourra jamais être appliquée puisque Luxembourg, Irlande, Pays-Bas, Malte, s’y opposeront.
La Commission pourtant dispose déjà des pouvoirs pour lever de son propre chef l’unanimité en matière fiscale en cas de distorsion de concurrence, pouvoirs qu’elle se garde bien d’utiliser pour supprimer la concurrence fiscale déloyale, source de la massive évasion fiscale légale des multinationales (GAFAMs en particulier). Sur ce point fondamental comme sur tant d’autres, Monsieur Juncker nous mène en bateau.
La protection des frontières, la défense nationale et les affaires étrangères, la levée de l’impôt, sont au cœur des pouvoirs régaliens. Pour parachever son projet d’États-Unis d’Europe, la Commission européenne déconstruit méthodiquement les nations.
Aux prochaines élections européennes, à la place de cette « désunion européenne » nous proposerons un nouveau modèle d’Europe qui respectera l’indépendance des 27 nations et protègera réellement les peuples.
Nicolas Dupont-Aignan Bernard Monot
Député de l’Essonne Député français
Président de Debout la France au Parlement Européen
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