Ainsi, profitant de la déstabilisation , puis de la vacance, du pouvoir due aux grandes manifestations populaires, et à la démission forcée du Président Compaoré, deux officiers viennent successive-ment de s'auto-décréter« chef de l'état » burkinabè. Or, ni l'un ni l'autre n'avaient le droit de le faire et tous les deux ont violé la constitution et l'état de droit.. Le premier a annoncé dissoudre le gou-vernement et le parlement. Le second, comme il ne restait plus que cela, a prétendu annuler la constitution…Or, cette dernière « est la source de toute légitimité » (art.167).
Il faut rappeler à ces militaires et aux peuples, face à ces dangereuses aventures, que la démission ou l'empêchement d'un chef d’État, dans tous les pays démocratiques du monde, obéit à des règles fixées et consenties à l'avance par la Constitution, texte sacré du consensus national et de toute légitimité.
Au Burkina Faso comme ailleurs.
C'est au Conseil constitutionnel burkinabè de constater la vacance et, conformément à la constitu-tion, c'est le président de l'Assemblée nationale qui assure l'intérim, avec le gouvernement qui expédie les affaires courantes, et prépare la nouvelle élection présidentielle sous soixante jours. C'est au Président intérimaire, et à lui seul, d'instaurer, si nécessaire, le couvre feu, la loi martiale ou l'état d'urgence (art.58,59).
Si, de surcroît, il s'ajoute des circonstances qui menacent les institutions et interrompent les pou-voirs publics (59) : « l’Assemblée nationale ne peut être dissoute ».
C'est au Conseil constitutionnel burkinabè de se prononcer et de le rappeler. Très vite.
Et on est désolé que la France ne l'ait pas encore fait.
Henri Temple
Délégué national à l’Indépendance de la France