Je précise que j’ai écrit ce billet sans avoir entendu le « discours de Toulon ». Mais c’est drôle, en écoutant ce matin les comptes rendus de « journalistes » qui persistent à prendre le cirque sarkozyste au sérieux, j’ai l’impression que j’ai mis dans le mille : apprêtez-vous à faire des trous supplémentaires dans la ceinture…
C’est vrai, quoi, un mec qui a fait exploser la dette de 600 milliards d’euros en 5 ans (plus de 33%) est forcément le mieux placé pour vanter la rigueur budgétaire…
Un des problèmes récurrents qui font que « Les Français » continuent à voter pour des zouaves comme Sarkozy ou Hollande, c’est le traitement médiatique ridicule des sujets d’actu. On passe allègrement de la dette à un violeur récidiviste, de DSK à la prison pour les gamins de 12 ans, et du foot à la météo. Entre deux pages de pub. Jamais d’approfondissement, jamais d’explication.
Le téléspectateur qui voudrait s’intéresser au sujet n’a aucune chance de comprendre quoi que ce soit. Il sait qu’il y a une crise, que la dette de la Grèce, de l’Italie et de la France sont trop importantes, que Sarkozy rencontre Merkel tous les 15 jours en jouant les importants, que Hollande dit qu’il fera mieux mais ne dit pas comment. Alors qu’ils feront tous la même chose. Ce qu’«on» leur dira de faire.
Je vous ai déjà parlé d’Etienne Chouard. Vous qui n’avez pas forcément le temps ou l’envie de l’écouter pendant plusieurs heures, regardez cette vidéo : elle dure à peine plus de 22 minutes, et c’est de l’explication claire et concentrée de la « félonie » qui nous a amenés dans ce merdier, et dont nous n’imaginons sans doute pas encore jusqu’où elle va nous emmener.
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Complétons la démonstration, par l’absurde.
Une obligation, c’est un peu comme un crédit, mais plus subtil. Au lieu de rembourser tous les mois un bout du total (capital et intérêt confondus), l’émetteur de l’obligation (ici l’État Français par l’intermédiaire de « Bons » du « Trésor ») ne paie que les intérêts (mettons 4%) une fois l’an à son prêteur (un bankster, la plupart du temps étranger), et s’engage à rembourser le capital au terme du contrat. Comme nous sommes dans un système de boursicotage généralisé, les obligations peuvent bien sûr être refourguées de bankster à bankster, et une émission de un milliard peut se retrouver éparpillée en de multiples endroits.
Le bankster peut aussi utiliser l’argent des « épargnants », et notamment celui des gros malins qui cherchent toujours les « bons placements », pour souscrire ces obligations. Derrière la « dette », il peut donc y avoir des « produits » genre « assurance vie », ce que la plupart de leurs titulaires seraient sans doute étonnés d’apprendre.
Quand l’État français a besoin d’argent (quand il doit rembourser des bons du Trésor à échéance, par exemple), il émet de nouveaux bons du Trésor. D’aucuns parleraient de « cavalerie », mais ce sont des mauvaises langues…
Puisque Sarkozy, ce grand gestionnaire, a réussi l’exploit d’augmenter la dette française de 600 milliards d’euros en moins de 5 ans (soit environ 10000 euros par personne, enfants compris…), on comprend bien que la situation ne risque pas de s’arranger.
Et comme les banksters ne sont pas stupides et comprennent bien qu’ils risquent de ne jamais revoir leur flouze, ils en profitent pour augmenter les taux d’intérêts qu’ils réclament aux États. Pour l’Italie, ça dépasse les 7%, pour la Grèce, c’est plus de 25…
Nous sommes donc dans un cyclone infernal d’où nous ne pouvons sortir que lessivés.
Rappelons encore une fois que le montant de la dette française, c’est à peu près exactement le montant des intérêts payés aux banksters, et que nous aurions fort bien pu nous passer de cette félonie (pour reprendre le vocabulaire ciselé d’Etienne Chouard). Désormais, c’est trop tard, puisque la félonie a été gravée dans le marbre du « traité de Lisbonne » (celui qui nous a été refilé en sens inverse du sphincter, avec un mépris total de la démocratie qui avait dit « Non ! », par Sarkozy bien sûr, mais aussi par Hollande et la plupart des « socialistes » sans lesquels cette saloperie n’aurait jamais été possible), et qu’il n’y aura jamais d’unanimité des 27 pays pour la défaire.
Le dernier sujet de discussion à la mode, celui dont se gargarisent tous les téléconomistes (qui sont les premiers à répéter partout qu’il faudra payer cette dette alors qu’un enfant de 5 ans comprendrait que ce n’est pas possible et que ça le sera de moins en moins…), ce sont les « Eurobonds ». En français, « Euro-obligations ».
Le principe est simple : au lieu que ce soient les États qui émettent des obligations, à des taux prohibitifs, ce serait directement la Banque Centrale Européenne qui garantirait et mutualiserait la dette de tous les États européens et empêcherait donc l’envolée des taux. L’Allemagne s’y oppose, ne voulant pas payer pour les pays comme la Grèce ou l’Italie (alors que sa dette est officiellement de 2000 milliards d’euros, et même de 7000 selon certaines sources… ). Mais apparemment cela finira par se faire.
Comme ceci est contraire aux fameux principes du Traité de Lisbonne et à son dogme d’indépendance de la Banque Centrale, il faudrait le tripatouiller. Bien évidemment, tout cela se jouera entre eurocrates dans des salons feutrés, le peuple sera soigneusement tenu à l’écart, et on comprend pourquoi…
Car les médias feront croire que c’est une bonne nouvelle. La preuve, c’est que « les marchés » seront rassurés, et la bourse s’envolera. On les comprend : c’est l’assurance pour eux de récupérer tout leur pognon, y compris les intérêts parfaitement indus.
Mais il y aura des contreparties :
- Tout d’abord un nouveau recul de la démocratie. Les États abdiqueront une prérogative de plus : la politique budgétaire de la France sera désormais officiellement décidée par les eurocrates, c’est la contrepartie du sauvetage. Sarkozy ou Hollande pourront bomber le torse, ils ne seront plus que les exécuteurs des basses œuvres décidées à Bruxelles ou à Francfort (ou à Wall Street puisque nombre de ces eurocrates sont leurs valets et obligés)
- Ces eurocrates, à l’exemple de ce que fait le FMI quand il prête de l’argent à un pays pauvre, vont exiger des États une réduction immédiate et drastique des déficits budgétaires. Et cela ne se traduira pas, ou alors à la marge, par des hausses d’impôts pour les riches ou les multinationales, ou par un rattrapage du taux des cotisations sociales, siphonnées depuis des décennies sur ordre du Medef, sous prétexte de « compétitivité ». Il ne s’agira pas non plus de mesures folkloriques comme la hausse des taxes sur le coca, ni même d’un jour de carence supplémentaire pour les salariés malades.
Non, il s’agira d’un assaut final contre toute forme de Service Public ou d’aide sociale. Tout ce qui aura résisté tant bien que mal aux coups de boutoir (alias « réformes ») des différents gouvernements qui se sont succédé depuis 30 ans sera fracassé. La concrétisation du rêve libéral, des fantasmes de Milton Friedman.
Suppression rapide de toute forme de fonctionnaire. Privatisation de la sécu, des retraites. C’est à dire suppression pour les pauvres, qui ne pourraient évidemment pas payer.
Vous aviez envisagé la retraite à 70 ans ? A 80 ans ? Eh bien c’est pour bientôt…
Le traumatisme sera terrible, et pour cause : imaginez que des hommes en armes frappent à votre porte et exigent le règlement de 100 000 euros de dettes qui incombent à votre famille de 4 personnes. C’est le vrai chiffre… Les communicants de Hollande vont avoir du boulot pour faire avaler ça…
« There Is No Alternative ? »
Si, justement. L’alternative, c’est de refuser ce système et ceux qui nous l’imposent, les Sarkozy, les Hollande, les Bayrou… Ceux que les médias présentent pourtant comme étant les seuls compétents… Ceux qui nous y ont mis… Sortir de l’Union Européenne, ce ratage démentiel. Redonner à la Banque de France le pouvoir de prêter à 0%. Faire auditer cette dette pour voir ce que l’ont doit rembourser. Refuser de payer le reste.
Puis mettre en place un système, qui peut passer par le tirage au sort de nos représentants, et qui devra en premier lieu écrire une nouvelle constitution, qui nous préservera des erreurs passées.
Pour en arriver là, il faudra sensibiliser le maximum de personnes. Expliquer. Faire comprendre. Faites donc passer le message : le paiement de la dette, le racket libéral, ne sont pas des fatalités. Démasquons les menteurs !
Ensuite, on pourra peut-être s’attaquer à la nécessaire révolution écologique et énergétique…
SuperNo pour Marianne