En s’attaquant au problème des “déserts médicaux” ;Madame TOURAINE ne peut pas espérer résoudre en une mesure un mal profond qu’on a laissé s’installer depuis vingt ans.
Car qui dit “déserts médicaux” dit désormais “déserts” tout court, puisqu’il s’agit d’une spirale de désertification :perte des emplois industriels, disparition des exploitations agricoles, fermeture des services publics. Ce sont des bassins entiers de population qu’on a laissé à l’abandon depuis des années et on comprend la réaction des jeunes médecins peu enthousiastes à l’idée d’aller s’y installer pour des durées hebdomadaires de travail atteignant 70 heures et plus
Une rémunération plancher est une bonne piste, mais la limiter à deux ans en réduit singulièrement le pouvoir d’attraction si elle n’est pas couplée à une aide substantielle à la création de cabinets collectifs et de maisons médicales regroupant tous les professionnels de santé à l’échelle d’un territoire. Elle implique au delà un relèvement substantiel des honoraires conventionnés , condition incontournable à la limitation des dépassements d’honoraires afin de faire perdre à l’installation en zones riches son pouvoir d’attraction.
Une telle politique de réhabilitation en profondeur des métiers de la santé n’est pas possible sans redressement durable des comptes de l’Assurance-Maladie, c’est à dire de ses recettes grâce à une nouvelle politique de croissance économique aux antipodes de la récession sans frein que nous impose le maintien de l’Euro et l’absence de tout protectionnisme économique.
Les problèmes de la France ne peuvent être résolus par petits bouts sans une nouvelle politique d’ensemble, aux antipodes de celle du PS aujourd’hui et de l’UMP hier.
Il faut enfin s’en donner les moyens.
Francois MORVAN
Délégué national à la Santé