En septembre dernier, Mme Sophie Cluzel, Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre chargée des personnes en situation de handicap communiquait en fanfare sur l’accueil des enfants en situation de handicap dans les établissements scolaires français.
Ainsi le gouvernement affirmait-il : “Pour scolariser les enfants, tout est prêt (…) Avec Jean-Michel Blanquer, on a anticipé cette rentrée, on a mis les moyens budgétaires, tous les moyens sont là pour répondre à toutes les notifications d’accompagnants qu’on avait”. La réalité est malheureusement toute autre : Plus de 10 000 enfants seraient actuellement sans accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH, anciennement AVS).
Et environ 2 000 autres enfants seraient finalement non scolarisés. Cette situation est inacceptable ! Rien que dans mon département de la Drôme, pour la seule association ADAPEI (centre IME – Institut Médico-Educatif ), 257 enfants handicapés mentaux n’ont pas repris le chemin de l’école faute de moyen. Quelques témoignages poignants.
– Anne-Marie B… « Nous somme en attente d’une place en IME depuis quatre ans » Sa fille Sofia 9 ans et demi est atteinte du syndrome d’Angelman »
– « Une situation cruelle pour le père d’un d’en eux qui dit d’être obligé de mentir à son fils, persuadé qu’il fera bien sa rentrée scolaire en même temps que ses camarades…Il a vraiment envie d’aller à l’école et d’apprendre… ».
– Un autre père : « Quand il voit sa sœur rentrer avec son cartable le vendredi en disant qu’elle est en vacances. Il nous regarde en pleurant parce que lui n’a pas de vacances puisque lui n’a pas d’école …».
Les solutions annoncées par le ministre de l’éducation ne seront visiblement pas accessibles à tout le monde. C’était pourtant l’ambition affichée.
Une manifestation s’est déroulée à Valence le 31 août 2019. Madame Sophie Cluzel a bien entendu contesté les chiffres. Et pourtant les faits sont là.
Au-delà de la querelle des chiffres, c’est le principe même de la scolarité universelle qui est en cause. Il existe bien des milliers d’enfants en situation de handicap qui ne peuvent accéder à un établissement scolaire dans les conditions prévues par la loi. Un seul enfant qui ne peut s’asseoir sur un banc d’école c’est déjà trop.
Comment peut-on tolérer que le gouvernement donne de faux espoirs aux parents en leur assurant année après année que tous les enfants seront scolarisés ? Il est bien naturel que ces familles soient en colère !
Ayant moi même un enfant handicapé visuel aidé d’un AESH, je connais le parcours du combattant pour son obtention et son renouvellement. Mais tout le monde n’a pas cette chance. Les raisons sont multiples, manque d’AESH, comportement de l’enfant inadapté dans une école ordinaire, le temps d’enseignement, le partage du temps pour plusieurs élèves.
La formation des enseignants, directeurs d’école et des AESH n’est pas du tout à la hauteur des besoins de l’enfant alors que le personnel voudrait naturellement faire mieux pour leurs élèves dans le respect des convictions humanistes des Françaises et des Français.
Enfin, les familles rencontrent aussi de plus en plus de difficulté à faire venir des professionnels de la santé tels que des ergothérapeutes, orthophonistes et psychomotriciennes pour accompagner leur enfant.
Debout la France est pour l’inclusion des enfants handicapés dans une école ordinaire. Cependant, certains profils exigent de maintenir un panel de dispositifs comme des instituts médico-éducatif, des ULIS (unité localisée pour l’inclusion scolaire ) ou la collaboration rapprochée avec des associations directement liées au handicap de l’enfant pour une formation spécifique.
Il faut assurer que les AESH ne soient pas dans des situations de précarité (temps partiel, contrats renouvelables de 3 ans (deux contrats), aucun plan de carrière) pour qu’ils puissent exercer dignement leur belle mission au services des enfants en situation de handicap.
Il est grand temps que le gouvernement applique l’égalité républicaine et garantissent que tous les enfants soient égaux dans l’accès aux sanctuaires que sont nos écoles.
Debout la France met plus que jamais au cœur de son projet politique la dignité des personnes en situation de handicap.
Erick Damaisin
Délégué national en charge du handicap