Quel gâchis ! Le PDG d’Air France, Jean-Marc Janaillac, a annoncé sa démission après avoir été désavoué par ses salariés. Ces derniers viennent de sanctionner par référendum l’arrogance insupportable d’une oligarchie qui demande toujours plus d’efforts sans jamais se les appliquer à elle-même.
Abandonnée par les pouvoirs publics, matraquée fiscalement par l’Etat et désarmée face à une guerre concurrentielle exacerbée par la folie de l’ultra-libéralisme européen, la compagnie aérienne française a su surmonter d’importantes difficultés grâce aux efforts de ses salariés : conscients du danger qui pesait sur leur entreprise, les salariés avaient consenti depuis 2011 au gel complet de leurs salaires. Ces efforts ont notamment permis à Air France de dégager un bon résultat d’exploitation l’an passé.
Alors que la santé d’Air France s’est relativement améliorée, les dirigeants – qui eux n’ont pas hésité à augmenter leurs avantages – ont cru pouvoir continuer à essorer leurs salariés. A semer le vent, on récolte la tempête. Contrairement aux rumeurs visant à les discréditer, les salariés de la compagnie n’ont dans leur majorité pas demandé d’augmentation de salaire, mais bien la compensation de la perte du pouvoir d’achat consécutive à l’inflation subie et constatée depuis 2011, soit 6%. Ils souhaitaient légitimement récolter une partie du fruit de leur travail en appliquant la clause de “retour à bonne fortune” telle que pratiquée par de nombreux concurrents d’Air France : Lufthansa, British Airways, etc. Je regrette l’indécence des dirigeants d’Air France, qui sera dommageable pour l’avenir du Groupe déjà fragilisé.
La crise que connait Air France, à l’image de celle de la SNCF, est symptomatique d’un climat social délétère. La brutalité que subissent ces salariés symbolise l’état actuel de notre pays, gangréné par l’arrogance de la caste qui nous gouverne. La France voit décliner ses grandes entreprises, qui ont participé à sa grandeur : elles sont minées par des oligarques irresponsables qui s’en mettent plein les poches, qui basculent d’une entreprise à l’autre tels des mercenaires, qui agissent en toute impunité sans se soucier un seul instant des dramatiques conséquences humaines, sociales, sociétales. Cette dérive honteuse se retrouve désormais au plus haut sommet de l’Etat comme en témoignent les attitudes de Mme Elisabeth Borne, Ministre des Transports qui a été Directrice de la Stratégie de la SNCF, et Mme Florence Parly, Ministre des Armées qui a été Directrice des Finances de la SNCF : toutes deux se déresponsabilisent de la situation que connait la SNCF tout en rejetant honteusement la faute sur les cheminots. Le poisson est pourri par la tête.
Je m’insurge contre cette société à deux vitesses, dans laquelle les Français “lambdas” paient au prix fort le mépris et l’injustice des puissants, protégés par leur appartenance à une caste hors sol. J’implore les Français à ne plus se laisser faire et à s’engager pour que notre beau pays renoue enfin avec le bon sens. La France a besoin de réformes, mais son redressement ne sera viable qu’à la condition que les efforts soient équitablement partagés au service de l’intérêt général.
Nicolas Dupont-Aignan
Président de Debout La France
Député de l’Essonne