François Hollande avait fait de la réduction du déficit commercial une priorité de son action pendant la campagne présidentielle. Les mauvais résultats du mois de novembre montrent que rien ne changera pendant ce quinquennat, qui laisse faire la désindustrialisation du pays.
Un constat ravageur
Certes, le déficit commercial du pays devrait légèrement dépasser 60 milliards d’euros en 2013, soit environ 10 milliards de moins qu’en 2011. Mais ce n’est pas à ce rythme que notre pays aura une balance équilibrée en 2017, contrairement aux promesses du candidat socialiste. Pire, les derniers mois semblent indiquer une nouvelle détérioration, avec une baisse préoccupante des exportations, au plus bas depuis deux ans. Le déficit est passé de 4,8 à 5,7 milliards d’euros en un mois, quand la situation s’améliore en Allemagne et en Espagne, comme le rapporte cet article du Point, bien documenté.
Nicolas Sarkozy avait essayé d’attribuer à l’augmentation de la facture énergétique la responsabilité de la dégradation du solde commercial. Il faut dire qu’avec une facture pétrolière de plus de 60 milliards d’euros pour un déficit de 70, l’exercie était facile. Cependant, comme son opposant l’avait noté, la France avait réussi à afficher un excédent, malgré un solde énergétique négatif (certes moins qu’en 2011). Le problème, c’est la détérioration continue de notre solde des échanges de bien, résumée par un graphique du Monde, qui montre que nous perdons du terrain dans le milieu et le bas de gamme.
Deux raisons : l’euro et le libre-échange
Les raisons de la détérioration de notre solde commercial, qui a amputé près de 0,5 point de croissance tous les ans de 2002 à 2011 sont double : une monnaie trop chère pour notre économie et l’ouverture anarchique du marché européen aux biens venus du monde entier quand Amérique et Asie, eux, savent se protéger. La cherté de l’euro est une raison importante de notre déficit, à un moment où les Etats-Unis, la Chine, le Japon ou la Grande-Bretagne font tout pour avoir une monnaie bon marché. Avec un tel déficit, notre monnaie devrait baisser, nous permettant de rééquilibrer notre commerce, mais comme la zone euro est en excédent, elle reste chère, définitivement trop chère pour un pays comme le nôtre.
Bien sûr, certains pointeront l’amélioration spectaculaire des comptes de l’Espagne ou de la Grèce, mais il s’agit principalement d’un effondrement de la demande intérieure, qui réduit le montant des importations… L’autre raison majeure, c’est l’ouverture naïve et dogmatique de notre continent aux exportations venues du monde entier. Alors que les pays asiatiques ont basé leur développement sur le protectionnisme et que les pays d’Amérique du Sud l’ont redécouvert pour se relancer, l’UE est la zone la plus offerte au monde, les Etats-Unis se protégeant dans de nombreux domaines (pneus, aciers).
Le déficit commercial de la France est le signe d’une faillite des politiques menées par le PS et l’UMP depuis des années. La dégradation du mois de novembre montre bien que François Hollande a capitulé sur ce dossier, comme sur tant d’autres. La France a besoin d’une véritable alternative.