I – En annonçant son « plan pour relancer l’économie française » (j’entends ces mensonges, depuis Barre, et à chaque nouveau gouvernement), on est pris, en pensant aux millions de familles qui sont dans l’angoisse face au chômage et à la question du pouvoir d’achat (ne devrait-on dire l’impuissance d’achat) d’un violent spasme nauséeux. NON, on n’a pas le droit de leur mentir encore une fois. Surtout que les mensonges sont stupides, et la marque d’une incompétence ou d’un cynisme rares.
Prenant à peine ses fonctions Macron avait insulté la dignité les travailleuses d’une usine en pointant leur « illettrisme », et avait soupiré, l’air héroïque et généreux qu’en quittant ses fonctions de banquier d’affaires chez Rothschild il faisait un lourd sacrifice financier. Pauvre homme…
Puis il nous fait ensuite la leçon (fin oct 2014) : la crise française si l’on comprend bien, est largement de la faute des Français; pas de la sienne -puisque d’un coup de son modeste génie, il va nous sauver- mais bien de la nôtre. Nous aurions trois maladies qui plombent la croissance de notre pays, et il faut nous en débarrasser. Le Dr. Macron, a tout compris de nos maladies :
1 La défiance, car nous sommes pessimistes sur notre avenir,
2 La complexité (poids des lois et des règlements),
3 Les corporatismes
Et il propose des remèdes de Dr Knock à ces maladies qui sont largement dues à nos fautes.
Ces remèdes il les tire de la pharmacopée d’un autre charlatan (qui fut aussi ban-quier) dont il a été l’assistant zélé, Jacques Attali. Souvenons-nous que ce catalogue de mesures devaient sous Sarkozy, il y a 6 ans nous ramener sur les chemins de la prospérité économique. Comme Barre il y 34 ans…
Assez curieusement les remèdes ne correspondent pas toujours au diagnostic :
1 Contre la défiance il ne propose pas de nous rendre confiance dans les politiques et dans l’euro mondialisme, ou de nous protéger de ce dernier : c’est lui qui va « nous faire confiance ! Et laisser ceux qui sont sur le terrain près des réalités faire les choix qui les concernent » (sic). Comprenne qui pourra : on est dans le bla-bla de la leçon de grand oral de Sciences Po. D’ailleurs ses prises de position sur la réforme de la justice et du métier d’avocat, sur celle des régions, sont des preuves de sa duplicité. Il fait tout le contraire de ce qu’il claironne.
2 Mais contre le « corporatisme », il devient dangereux et pas seulement creux: Fillon s’était rendu ridicule en voulant taxer les limonades et le Parc Astérix ? Macron s’en prendra aux autocars… Mais il s’en prend aussi aux « professions régle-mentées », confondant au passage numerus clausus, monopoles, et organisation déontologique (comme les avocats qui n’ont ni numerus ni monopole, sauf de plaider au TGI). Il évoque encore l’urbanisme commercial pour ses amis de la grande distribution et de la promotion immobilière. Et il entend bien aussi « nous faire travailler » : travail le dimanche et diminution de la protection des salariés par le code du travail…En plus d’être illettrés et pessimistes, corporatistes nous sommes donc aussi paresseux.
3 Contre la complexité des lois et règlements il ne propose rien. Comment le pourrait-il, puisque les lois sont bien souvent socialistes ou européennes ? Que ne parle-t-il aussi des maladies invasives, par exemple celle des travailleurs migrants ?
Pour faire bon poids il rajoute quelques autres mesures très vagues et en apparence pétries de bonnes intentions, avec une utilisation immodérée de mots magiques : « rénover », « mieux gérer », « réformer » « retrouver les sens de l’intérêt général ».
II – M.Macron est ou cynique, ou immature et incompétent. Pas plus que les ridicules catalogues de M. Attali, ces recettes de bonne femme, débitées avec pré-tention, ne vont attaquer les racines du mal, mais l’aggraver: contrairement aux mé-decins de Molière il ne faut pas saigner un malade à l’agonie ; voici, M. Macron, ce qu’est réellement l’économie, dont vous prétendez abusivement être Ministre, et voici les vrais maux qui ravagent notre pays :
Les fondamentaux économiques
1 L'économie (les « règles de la maison ») est faite, par nature, pour l'homme, tel qu'il vit dans sa famille, son entreprise ou son corps d'état, sa nation. Quelles que soient les considérations techniques et politiques, le but de l'économie est de « maximiser le rendement social » (M.Allais); dans le respect des fondamentaux sacrés de la République : Liberté, Égalité, Fraternité, Gouvernement par le Peuple, Nation
2 L'objectif de toute politique économique est d'assurer :
– le plein emploi,
– le meilleur pouvoir d’achat,
– des produits et des services (y compris publics) variés, suffisants en quantité et en qualité,
le tout dans le respect de l'harmonie sociale et de l'environnement.
3 La production doit être maximisée afin de financer :
– les fonctions régaliennes de l'Etat (à l’abandon : armée, justice, police, monnaie),
– l'organisation des fonctions collectives et sociales (à l’abandon : santé, éducation, transports, énergie, chômage, retraites…)
4 Les prélèvements «obligatoires» ont pour objet de :
– financer les fonctions régaliennes et l'organisation des fonctions collectives et sociales,
– améliorer la justice sociale (redistribution) ; toutefois la justice sociale peut être largement assurée par d'autres voies : à commencer par le plein emploi, mais aussi le resserrement de l'écart des salaires (de 1 à 30), la participation, un éventail de taux de TVA très ouvert ( de 0 % à 30%), l'interdiction des spéculations (financières, commerciales,foncières) artificielles, injustes, improductives, voire toxiques…
Ces prélèvements ne peuvent excéder un certain seuil, sauf à détruire l’économie ou provoquer une révolution.
La crise économique française
Elle est due au mépris des fondamentaux, et, principalement par ordre d'importance décroissante:
1 Avant tout, trop d'importations, y compris de main d’oeuvre, qui tuent nos emplois chez nous, du fait de la confrontation, face à l'offre asiatique, ou d’Europe centrale, d'une offre française aux prix trop chers en raison de :
– monnaie trop chère,
– ouverture incontrôlée des frontières,
– coûts de production élevés (notamment croissance des prélèvements obligatoires pour compenser la baisse de l'assiette (PIB), le poids du chômage, de la dette, des fraudes sociales, de l'évasion fiscale…et autres gabegies des collectivités locales.
2 Pas assez de consommation, ni d'investissement (public ou privé), en raison de la disparition ou des difficultés des entreprises, (v. point 1 ci-dessus)
3 Pas assez d'exportations en raison des mêmes causes,
4 La financiarisation, la spéculation qui se substituent à la production et au travail utiles à la société, et leur revers : la dette.
M.Macron, vous ne pourrez pas plaider, quand viendra l’heure proche et fatidique de la reddition des comptes, que vous ne saviez pas.
Henri Temple, professeur (HC) de droit économique et avocat
Délégué national à l'Indépendance de la France