Après le courrier du PDG de Titan à M. Montebourg au sujet de Goodyear qui a fait beaucoup de bruit depuis quelques jours, il est bon de rappeler quelques vérités.
M. Taylor omet dans son courrier de dire que si les ouvriers de Goodyear travaillent 3 heures par jour, c’est parce que l’entreprise est en cours de fermeture. C'est l'aménagement du temps de travail d'une entreprise proche de la liquidation qui explique le constat fait par le PDG de Titan. Auparavant le travail était de 8 heures par jour avec 2 pauses de 7 min et 1 pause casse-croute de 30 min chronométrées. Les clichés ont la vie dure, mais comment pourrait-on croire que les entreprises, et notamment les 4 000 entreprises américaines installées en France, pourrraient être encore viables avec 3 heures quotidiennes de travail.
De plus, selon EUROSTAT, en 1990 nos voisins allemands travaillaient en moyenne 37,9 heures par semaine contre 38,4 pour leurs homologues hexagonaux. Or, en 2011, cette durée était tombée à 34,6 heures outre-Rhin contre 35,3 heures en France. Depuis 1991, la réduction du temps de travail a été globalement un peu plus importante en Allemagne qu’en France, malgré l’absence de mesures telles la loi sur les 35 heures.
En ce qui concerne la productivité, rappelons qu'en France une heure de travail produit 45,4 € de richesse contre 42,3 € en Allemagne (37 € en moyenne européenne) et 41,5 € aux Etats-Unis.
Enfin, la deuxième partie du courrier de M. Taylor qui a fait moins de bruit chez nos médias, est bien moins anecdotique car elle révèle le vrai problème de compétitivité des entreprises françaises. Sans ambages il dit que « les Chinois livrent des pneus en France – en fait dans toute l’Europe – et vous ne faites rien. Le gouvernement chinois subventionne tous les producteurs de pneus. Dans 5 ans, Michelin ne sera plus capable de produire des pneus en France. La France va perdre son activité industrielle. »
Là il appuie où ça fait mal. Et il est étrange que les observateurs ne se soient attardés plus longtemps sur cette seconde partie de la lettre. N’est-ce pas là le coeur du problème ? Tant que la France, obéissant aux lois européennes,
ne se protégera pas contre la concurrence déloyale venant de pays qui ne respèctent qucune des regles de l'échange, les Messieurs Taylor et Cie pourront encore longtemps faire travailler dans les pires conditions les ouvriers chinois ou indiens pour 1 Euro.
Se posera alors une ultime question : lorsque la France aura perdu toute son activité industrielle, les Français pourront-ils encore acheter des pneus, même fabriqués à bas coûts…