Le récent rapport de la Cour des comptes, paru le 24 juillet, a mis en exergue ce que Debout la République dénonce depuis longtemps, à savoir les nombreuses dérives qui ont découlé de la privatisation du réseau autoroutier.
La Cour des Comptes épingle ainsi les hausses injustifiées de tarifs aux péages autoroutiers pratiquées par les sociétés autoroutières puisque celles-ci ont été la plupart du temps supérieures à l'inflation depuis 2005.
UN ETAT DEFAILLANT
Le constat est on peut plus clair : les sociétés d'autoroute profitent de leur situation de monopole pour fixer les prix qu'elles désirent, tout cela se faisant bien sûr au détriment des usagers. Or, il est nécessaire de rappeler que, à l'instar de tous les moyens de transport, ceux-ci devraient être au service de l’intérêt général et non au service de quelques intérêts particuliers.
Il est de fait difficile de comprendre le silence de l’État face à cette spoliation des usagers, silence d'autant plus étrange que la hausse des tarifs est prévue par les contrats signés entre l’État et les sociétés privées.
Mais, comme le reconnaît explicitement le rapport de la Cour des Comptes, « Le ministère chargé des transports ne négocie pas avec les sociétés concessionnaires d’autoroutes dans un cadre lui permettant de disposer d’un rapport de force favorable », ce qui est un comble au vu de la mission de service public que sont censés remplir les réseaux autoroutiers !
UNE FLAMBEE DES PRIX ILLEGITIME
Certes, la hausse constante des péages autoroutiers pourrait se justifier par la répercussion des investissements réalisés par les sociétés privées. Or, une fois encore, et comme nous l'avons trop souvent dit sans être entendus, la grande majorité des autoroutes ont été amorties. La plupart des investissements que nos chères sociétés privées utilisent pour justifier sont ainsi soit inutiles pour les usagers ou alors déjà prévus dans les contrats de cession avec l’État ; et par conséquent ils n'ont pas à être répercutés dans les prix des péages.
La simple lecture du rapport de la Cour des Comptes permet à nouveau d'étayer notre argumentation : « En raison de la maturité du réseau, l’État a accepté de compenser par des hausses de tarifs un grand nombre d’investissements de faible ampleur, dont l’utilité pour l’usager n’était pas toujours avérée, ou qui relevaient des obligations normales des concessionnaires […] Le modèle économique est construit de telle sorte que tout investissement est compensé par une hausse de tarifs. Les bénéfices des sociétés concessionnaires n’ont pas à être réinvestis dans des investissements nouveaux ou dans des diminutions de tarifs. Par construction, ce modèle ne peut qu’aboutir à une hausse constante et continue des tarifs. »
DES PROFITS QUI NE CONNAISSENT PAS LA CRISE
Ainsi, les sociétés concessionnaires ont vu leurs profits augmenter de manière continue alors que dans le même temps la fréquentation des autoroutes était stagnante voire en baisse.
Il n'est donc pas surprenant de constater que la croissance de la profitabilité des sociétés concessionnaires d’autoroutes a été beaucoup plus marquée et constante que la profitabilité de l’ensemble de l’économie française (hors secteur financier) entre 2001 et 2010. Le décrochage est particulièrement notable depuis 2008, année du début de la crise économique.
Pour résumer, alors qu'une grande part de notre économie est en récession et que les Français voient leur pouvoir d'achat se réduire et le chômage atteindre des niveaux record, nos sociétés d'autoroute continuent à faire des profits faramineux sur le dos des usagers et avec l'approbation silencieuse de l’État.
DES AUTOROUTES QUI APPARTIENNENT A TOUS LES FRANCAIS
Il y a donc urgence à ce que l’État mette fin à ce monopole privé des sociétés d’autoroutes. Les autoroutes appartiennent à tous les Français car ils les ont largement financées par leurs impôts et les péages. Il n’y a donc aucune raison à ce que le bien public soit confisqué par une poignée d’entreprises de BTP.
Ce rachat doit se faire au prix où les sociétés d'autoroute ont été vendues en 2006, diminué des bénéfices réalisés par ces sociétés depuis 7 ans. En raison de l'opacité régnant autour des profits de ces sociétés, il est difficile d'estimer précisément combien couterait ce rachat. Cependant, au vu du prix auquel l'Etat avait cédé le réseau autoroutier- 14.8 milliards d'euros- et vu l'ampleur des profits, ce retour dans le giron public pourrait s'avérer être quasi indolore pour les finances étatiques !
L'Etat pourra enfin reprendre le contrôle sur les tarifs des péages, voire même il pourra supprimer ceux des autoroutes dites « amorties ». De plus, au lieu de remplir les poches des actionnaires, l'argent des péages pourra servir à investir dans des infrastructures d'avenir, en particulier dans les chemins de fer où de nombreux chantiers LGV viennent d’être annulés faute d’argent public.
Parce qu'après ce rapport de la Cour des Comptes il ne peut maintenant plus faire semblant que le problème n'existe pas, notre gouvernement doit avoir le courage de mettre fin à cette extorsion dont sont victimes les Français. Pour une fois, il se mettrait au service de l’intérêt général…