Lorsque François Hollande a fait ratifier le traité Merkel/Sarkozy, consacrant la mise sous tutelle budgétaire de la France, j’avais, avec une quinzaine de députés, souligné à la fois le caractère inacceptable sur le plan politique de cette soumission à l’Allemagne et l’inefficacité totale d’une telle stratégie économique.
Deux ans plus tard, le résultat est là. Le matraquage fiscal et la réduction des investissements ont cassé la croissance.
Les Français ont été ponctionnés de 69 milliards d’impôts entre la fin du quinquennat Sarkozy et le début du quinquennat Hollande. Quant au déficit budgétaire, il n’a pas été réduit, pire il s’aggrave.
La raison en est simple : assommés d’impôts et accablés par le chômage, les Français consomment moins. Quant aux entreprises, confrontées notamment à un euro beaucoup trop cher, elles ne peuvent pas vendre à l’extérieur ce qu’elles n’arrivent plus à écouler à l’intérieur. Et ce n’est pas, hélas, les mesurettes prises récemment par la BCE, qui poursuit ainsi son éternelle politique du « trop peu trop tard », qui renversera ce triste cours des choses…
Si l’on ajoute à cela les 400 000 travailleurs détachés d’Europe de l’Est qui ne payent pas de cotisations sociales en France et la concurrence des paradis fiscaux comme la fraude gigantesque à la TVA que j’ai décrite dans mon libre « les Voleurs de la République », on ne s’étonnera pas que les recettes de l’Etat s’effondrent.
Face à cette situation dramatique – chômage de masse, déficit budgétaire, perte de crédibilité de la France -, le Président Hollande et son gouvernement finassent. Ils demandent à Bruxelles toujours plus de temps pour atteindre des objectifs budgétaires totalement inaccessibles avec le carcan de l’euro, tout en continuant le matraquage fiscal et la compression aveugle de la dépense publique qui bloquent la reprise.
Autant dire que rien ne sortira de cette politique de gribouille qui mécontente à raison les Français et dont le manque de franchise exaspère nos partenaires européens.
En vérité, au point où nous en sommes aujourd’hui, il n’y a que deux politiques possibles parmi lesquelles il faudra bien trancher. Et, paradoxalement, ce n’est pas celle qui paraît la plus raisonnable qui est la plus rationnelle, loin s’en faut !
Le faux bon sens, porté par une certaine droite encore plus aux ordres de l’Allemagne que le Parti socialiste, consiste à réduire de 100 milliards d’euros la dépense publique en mettant en œuvre les fameuses « réformes structurelles » – l’agenda ultralibéral que Bruxelles aimerait tant imposer à la France. Mais cette thérapie de choc digne des potions amères naguère administrées par le FMI aux pays du tiers-monde, aboutirait à un désastre économique, financier, social et politique. C’est le triste sort qui a été réservé à la Grèce ces dernières années. Cette politique, qui précipiterait la déflation en France et en Europe, fut aussi celle de Pierre Laval en 1935, qui mit par terre la France juste avant la guerre. Inutile de se le cacher : synonyme de souffrances sociales aussi grandes qu’inefficaces, de déclin économique et même de déclassement stratégique de la France au XXIeme siècle. Un tel suicide collectif servirait peut-être les intérêts de notre concurrente allemande, mais se heurtera heureusement à la légitime colère des Français. D’ailleurs, il est douteux que les prometteurs de ce « grand soir libéral » y croient eux-mêmes, vu le peu d’enthousiasme qu’ils manifestent à l’idée de revenir prématurément aux affaires en cas de dissolution de l’Assemblée nationale…
La seconde solution, la seule possible, est de sortir de l’euro au plus vite pour retrouver notre marge de manœuvre monétaire. Ce ne serait pas l’apocalypse prophétisée par certains.
En effet, contrairement à ce qu’affirme de manière mensongère et scandaleuse Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France qui ressemble de plus en plus à un petit télégraphiste de la Bundesbank, la dette française étant libellée à 93% en contrats de droit français, le retour à une monnaie nationale ne ruinerait nullement le pays et ses habitants. D’ailleurs, quand on est passé du franc à l’euro, les dettes ont été immédiatement converties, ce qui se produirait de nouveau mais en sens inverse.
Mais cette sortie de l’euro aura l’immense avantage de créer un choc de compétitivité de l’ordre de 15 à 20% permettant une relance de l’économie privée par nos exportations. Il sera alors bien sûr possible à la suite, une fois la machine économique relancée, de baisser les dépenses publiques sans casser la croissance. C’est exactement ce qu’avait fait le général de Gaulle avec le nouveau franc et le plan Rueff de 1958. Doper nos entreprises d’un côté, faire preuve de rigueur de la gestion publique de l’autre, voilà la solution. C’est d’ailleurs, « curieusement », ce que viennent de faire M. Obama et M. Cameron aux Etats-Unis et en Grande Bretagne avec de vrais résultats (taux de chômage Etats-Unis juillet 2014 : 6,2% ; Grande Bretagne avril 2014 : 6,5%).
Contrairement à ce que veut nous faire croire une pensée unique qui s’est trompée sur tout depuis vingt ans mais ose encore revendiquer le monopole du sérieux, c’est cette seconde solution, accusée d’aventurisme, qui est la plus raisonnable. Le choix est venu entre une zone euro plongeant le continent dans la récession, le chômage de masse, la souffrance sociale et le chaos politique et, de l’autre, une stratégie de sortie de crise empiriquement validée par des pays libres qui n’obéissent pas aux dirigeants psychorigides d’une Allemagne en suicide démographique.
Il y a urgence.
Nicolas DUPONT-AIGNAN
Député de l’Essonne
Président de Debout la République