La disparition du communisme fut, pour l’Occident, une immense victoire idéologique, économique, géostratégique, politique. François Mitterrand n’en comprit pas la portée et les gouvernements français successifs, à la remorque de l’OTAN, multiplièrent les fautes géopolitiques et économiques : en ex Yougoslavie, en Europe centrale, en Ukraine (sans compter les erreurs économiques dans le cadre de l’UE et de l’OMC). La Guerre froide était incontestablement à mettre au passif du socialisme internationaliste, porté par feue l’URSS, le Pacte de Varsovie, Cuba, la Chine, le Vietnam.
Désormais, toutefois, une nouvelle Guerre froide sournoise réapparaît, aussi dangereuse que la première, mais elle a pour origine la russophobie des USA, de l’OTAN et des pays qui y sont assujettis.
Afin de préserver leur effréné besoin de domination, et la prospérité de leur système militaro-financier les USA vont inventer et alimenter une nouvelle Guerre froide, contre la Russie. Les USA, chantres de la concurrence et zélateurs du culte du ”winner” ne supportent pas l’idée que la Russie devenue un pays presque comme les autres puisse aussi devenir un puissant concurrent. Après avoir commis tellement d’erreurs et de mensonges (Afghanistan, Irak notamment), les USA ont fabriqué le dossier ukrainien et les gouvernements Hollande leur ont emboîté le pas.
M.Hollande a tenté d’aller plus loin que les USA et de souffler sur les braises des conflits. En particulier contre la Russie. Et en Syrie. On se souvient que M. Fabius, aligné sur les pétro-monarchies sunnites et la Maison Blanche avait apporté son soutien, diplomatique, financier et militaire aux ”rebelles” anti El Assad qui se sont avérés être des islamistes . Qui commanditent ou approuvent les assassinats islamistes en France. M. Hollande avait même envisagé de partir en guerre en Syrie et n’y avait renoncé qu’en découvrant qu’il y aurait été seul…
Certes la situation au Moyen Orient est infiniment complexe : le Turc ambigu combat les Kurdes qui combattent les sunnites islamistes, et tolère Al Nosra. En coulisses l’Iran s’affronte à l’Arabie (qui finance indirectement le jihad et refuse d’accueillir le moindre réfugié), la Russie se confronte aux USA… Assad n’est plus dès lors qu’un prétexte; la Paix un vain mot.
Une ”coalition” de guerre nécessaire inclut désormais une Russie dont on découvre, dans le champ syrien, une vraie puissance militaire efficiente, sous estimée. Et désormais une victoire des forces d’El Assad n’est plus hypothétique.
Dans ce contexte on se demande quel est le dessein de M. Hollande en tentant d’imposer, via le Conseil de sécurité des Nations Unies, un Cessez-le-feu unilatéral des Russes à Alep. Il y a certainement une visée de politique intérieure : la destruction de cette grande ville, prise en otage par des milices génocidaires largement composées d’étrangers, cause le massacre atroce de populations civiles prises en otage et émeut les téléspectateurs dont certains se souviennent encore du lien ancien de la France avec la Syrie.
Mais en présentant cette motion au Conseil de sécurité M. Hollande savait déjà qu’il se heurterait au Veto de la Russie. De là à penser que, outre son image de quasi candidat, le seul but était de provoquer une crise diplomatique avec la Russie…
La montée en ligne de M. Hollande correspond à la fureur du Département d’État US qui menace subliminalement (M. Poutine ?) d’enquête pour crimes de guerre en raison des bombardements massifs, depuis septembre dernier, sur les quartiers d’Alep aux mains des jihadistes.
Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité s’est tenue ce vendredi dernier pour entendre un compte-rendu de l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui s’est alarmé d’une possible «destruction totale des quartiers rebelles» d’ici à janvier.
Or, Staffan de Mistura a évoqué une autre piste diplomatique: demander aux combattants de l’organisation djihadiste Front Fateh al-Cham (ex Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda) de quitter l’est d’Alep, et au régime syrien et à la Russie de déclarer la suspension des bombardements après leur départ. Bien sûr ces groupes d’assassins auraient refusé car sans leurs otages et en rase campagne leur destruction aurait été rapide. Mais au moins les uns et des autres sauvaient leur face diplomatique par ce passage probatoire.
C’est cela que M. Hollande n’a pas voulu. Sa posture constitue un danger pour la paix. Car les faucons du Pentagone n’excluent pas -dans leurs rodomontades irresponsables- le recours aux armes nucléaires contre la Russie… Et en déploient en Europe (leur champ de bataille préféré) et dans les mers limitrophes de la Russie. Vivement le joli mois de mai 2017. La France sera alors en situation de renouer le dialogue avec la Russie. Et d’œuvrer pour une coopération sans faux semblants au sein du concert des nations.
La diplomatie suppose toujours le dialogue ; et de préserver la capacité de dialogue. En provoquant une crise avec la Russie (et pas seulement avec M. Poutine), le Président Hollande a tenté de freiner l’offensive contre l’État islamique et handicapé la diplomatie française pour longtemps. Pour quel résultat moral, politique, et militaire ?