La primaire à droite et l’attention portée au Front national pousserait à oublier les autres formations politiques de Droite. Si François Fillon a déjoué tous les pronostics, ceux qui annoncent un second tour des présidentielles entre le FN et LR ont-ils pris en compte Nicolas Dupont-Aignan ?
Le premier tour des primaires de la droite et du centre s’est achevé dimanche soir sur une surprise pour nombre d’observateurs de la vie politique nationale: l’envolée de François Fillon dans l’électorat des Républicains. Un cas de figure qui n’a pas laissé indifférent Nicolas Dupont Aignan, président de Debout la France et candidat à la présidentielle:
“Si on avait invité uniquement Juppé et Sarkozy à la télévision, ils [les électeurs, ndlr] n’auraient pas connu François Fillon. C’est parce qu’il y a eu des débats libres que François Fillon a pu s’imposer » a-t-il réagi au micro de Sputnik.
En effet, François Fillon ne figurait pas au tableau dressé par les pronostiqueurs au début de la campagne de la primaire, eux qui misaient sur un duel Nicolas Sarkozy — Alain Juppé. L’ex-Premier ministre était quant à lui donné perdant. « C’est vrai qu’on se dit que sa chance est plutôt derrière lui que devant », déclarait au Figaro Alexandre Vatimbella, directeur du Crec (Centre d’étude & de recherche du centrisme) fin juin, alors qu’un sondage IFOP venait de créditer François Fillon de 7 % des intentions de vote pour la Primaire.
Que penser également du cas Donald Trump? Le candidat républicain qui, fin juillet 2015, était crédité de 1 % de chance de remporter la primaire de son propre parti, avant de surclasser tous ses concurrents, pourtant tous plus expérimentés que lui en politique. Pour Nicolas Dupont-Aignan, tout reste possible… pour peu qu’il bénéficie lui aussi d’une exposition médiatique suffisante. « Je demande qu’il y ait la même chose pour le premier tour de la présidentielle: qu’on puisse m’entendre! Et on verra que mes propositions concrètes pour redonner à la France son indépendance vis-à-vis de Bruxelles sont les seuls possibles pour redresser le pays »
En attendant, que pense-t-il du vainqueur du premier tour de la primaire de droite? Il relativise la victoire de François Fillon quand il déclare:
« Il y a eu un choix démocratique des électeurs Républicains, attention ce ne sont que 4 millions d’électeurs sur 44 millions, donc il ne faut pas non plus surestimer ce mouvement. » En attendant, ce sont tout de même 4 millions de vrais votants, contre environ 3 millions… d’électeurs potentiels, selon les derniers sondages pour Nicolas Dupont-Aignan, qui n’entend pas se laisser séduire par les sirènes fillonistes: « Monsieur Fillon est un honnête homme qui propose de mauvaises solutions, ce n’est pas parce que je le respecte et l’estime que je ne défendrais pas une autre voie pour la France. » Une France à laquelle il entend rendre une marge de manœuvre vis-à-vis d’une Europe pas assez protectionniste…
“Tant qu’on ne reverra pas cette politique de la mondialisation Low-Cost, rien ne changera. Il faut être clair, même les Américains libéraux l’on comprit. »
… et trop contraignante pour les États membres: « On ne peut pas continuer à se faire racketter en permanence: soit on la [l’Europe] change, soit on s’en va! » Reformer ou quitter, c’est bien ce que propose le président de Debout la France, à commencer par la monnaie unique, qui serait remplacée par une monnaie commune. Pour lui, il faut mettre en place: « Un euro flexible, chaque pays aura sa monnaie: l’euro-franc, l’euro-mark mais il y aura une coordination. »
Et si l’Europe ne veut pas suivre, tant pis pour elle, pour Nicolas Dupont-Aignan. En cela, il se démarque radicalement de François Fillon:
« Tant qu’il restera soumis à Bruxelles, son programme ne sera qu’une purge autoritaire, sans lendemain pour les Français. » Car si beaucoup soulignent chez le potentiel candidat Les Républicains une fibre gaulliste, lui qui prend pour caution Philippe Seguin, Nicolas Dupont-Aignan refuse cette captation d’héritage et cite à son tour le souverainiste du RPR pour tacler François Fillon: « Ce sont des détaillants différents, disait Philippe Seguin, qui s’approvisionnent chez le même grossiste. Tant que vous vous approvisionnerez chez ce grossiste, les résultats ne seront pas au rendez-vous. » Pour lui, le vendeur de la boutique a changé, d’où l’engouement du moment, mais les produits demeurent les mêmes. « D’ailleurs le vendeur était avant dans l’arrière-boutique, puisqu’il a travaillé pendant cinq ans avec Nicolas Sarkozy, ils ont le même bilan. »
Il enfonce encore le clou en renvoyant l’ex-Premier ministre à ses responsabilités européennes quand il était aux commandes:
« Que je sache, c’est François Fillon qui a voté le traité de Lisbonne et qui a accepté que le peuple ne soit pas consulté, qui l’a redit récemment en disant que le referendum, c’était la pire des solutions. Je ne crois pas à cela! » Pour le candidat de DLF, la sortie de l’UE ou du moins la renégociation de tous les traités visent à redonner du pouvoir d’achat aux Français. En guise d’illustration concrète, il propose une revalorisation de 100 € des pensions de 6 millions de retraités « financée par les 8 milliards que l’on donne en pure perte à l’Union européenne ». Pour lui, il faut aussi relancer pouvoir d’achat et emploi, notamment en relocalisant un million d’emplois.
Une fibre sociale qu’il ne reconnaît pas à son adversaire possible des Républicains: « Tant qu’on restera soumis à une mondialisation aveugle, tant qu’on ne rétablira pas les frontières du pays, tant qu’on acceptera des travailleurs détachés low-cost, on ne pourra pas relancer l’emploi, et le programme de choc de François Fillon risque d’aggraver encore les difficultés de nos concitoyens: cela part d’une bonne intention chez lui, mais malheureusement, ça serait un échec total. » Le programme de Nicolas Dupont-Aignan se démarque donc assez radicalement de celui de ses concurrents de droite. Au-delà de sa modeste exposition médiatique, n’est-ce pas l’une des raisons de la distance que conservent les électeurs avec ce candidat?
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