Avec la disparition de Fidel Castro, le XX° siècle voit l’un de ses derniers astres morts s’éteindre définitivement.
Ce fut le siècle où des peuples opprimés ne voulurent plus de régimes prédateurs et obsolètes, organisateurs de la misère et de la soumission de leur nation, et réclamèrent le droit à disposer d’eux-mêmes.
Dans tous les cas, ces révolutions menées par des hommes et des femmes qui n’étaient au départ qu’une poignée vinrent à bout de régimes soutenus par toutes les puissances d’alors et qui s’écroulèrent comme des châteaux de cartes. Une fois victorieuses, elles eurent à faire face aux intervenions armées et aux guerres civiles attisées du dehors.
Nées ainsi dans la violence et la misère, elles n’ont pas pu s’en détacher. Elles s’étaient saisies de la seule idéologie qui était alors à leur disposition, religion utopique qui voulait rejouer la révolution française en remplaçant les lumières et leur dynamique sociale, économique, intellectuelle et scientifique par le seul volontarisme de la masse des déshérités.
Elles n’avaient en fait pour elles que la seule aspiration nationale à la souveraineté : patria o muerte. Dépourvues de tout projet économique et social véritable, elles sombrèrent toutes dans la dictature et l’appauvrissement, les nouveaux parvenus postrévolutionnaires reconstituant , sous des emballages nouveaux, les vieux empires et les veilles oligarchies d’autrefois.
Si la révolution cubaine reste encore dans les mémoires, c’est qu’elle eut pu, plus que les autres, échapper à cette trajectoire tragique. Sa base idéologique initiale n’était pas ce succédané de marxisme qui avait servi aux révolutions russes et chinoises, elle avait en son sein les meilleurs éléments d’un pays riche de culture transformé en maison de passe de la mafia américaine.
Le compromis dynamique qui s’instaure peut-être aujourd’hui entre les USA et Cuba aurait pu dès le début changer le cours des choses. Mais les USA restaient alors ancrés sur la tristement célèbre doctrine Monroe selon laquelle l’ensemble du continent américain, du Nord au Sud , constituait une chasse gardée. Les cubains eurent alors à choisir entre la renonciation à la souveraineté reconquise et la mise sous tutelle de l’Union soviétique. Et si le régime castriste a survécu si longtemps, c’est bien parce que, au bout du compte, le peuple cubain a partagé suffisamment le choix impossible de ses dirigeants.
Dans cette histoire des forts aux faibles, la responsabilité principale de la tragédie de l’utopie communiste, revient, comme toujours, aux forts qui n’ont rien voulu céder de leur puissance et de leur soif infinie de richesse aux dépends de plus faibles.
L’heure est venue d’une nouvelle ère, où la souveraineté des peuples n’est plus condamnée à choisir entre indépendance et souveraineté d’une part, dictature et misère économique de l’autre.
C’est désormais du cœur du système , en Angleterre et aux USA , que naît ce message. Car avec la mondialisation, les victimes ne sont plus seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur des nations dominantes. Les tenants d’un ordre mondial sans cesse plus inégalitaire font comme autrefois tout pour que les seuls portes -paroles autorisés de cette aspiration nouvelle soient les plus caricaturaux possibles, pour mieux la discréditer.
Le message universel de Charles De Gaulle, qui plonge ses racines dans la révolution française, et que nous portons aujourd’hui, c’est bien que l’on peut conjuguer démocratie nationale, liberté, prospérité économique, concert des nations.
Voilà ce que le XXI° siècle doit être, ou ne pas être.
François MORVAN