Le ministre vient, soutenu par Londres et Berlin, de demander à la Commission la « libéralisation des aides d’Etat » en matière industrielle. Par delà l’aspect pathétique qu’il y a à implorer les eurocrates de ne pas respecter les traités, cela montre encore le double jeu de ce gouvernement.
La continuité avec Nicolas Sarkozy
L’ancien président de la République avait beaucoup parlé. Il avait promis de moraliser le capitalisme, de venir à bout des parasites fiscaux ou de sauver Gandrange. Il avait dénoncé l’euro cher, critiqué la politique de la BCE et la concurrence déloyale. Ses belles paroles n’ont jamais dépassé le stade de belles paroles. Alors qu’il avait l’opportunité historique, après le « non » français de 2005, de renégocier les traités européens, il a laissé faire ce qu’il dénonçait dans ses discours.
Le nouveau gouvernement fait exactement la même chose. François Hollande passe son temps à parler de croissance mais non seulement il ne fait rien pour la stimuler mais toute sa politique économique conduit au contraire à la plomber, comme le montre d’ailleurs l’évolution du PIB, qui pourrait reculer en 2013 ! De manière épisodique, le gouvernement supplie l’Europe de faire plus pour la croissance ou dénonce les politiques d’austérité et la concurrence déloyale, mais rien ne vient.
Arnaud Montebourg est le grand spécialiste de cet enfumage médiatique, lui qui a osé dire qu’il avait sauvé soixante mille emplois sur soixante-dix mille qui étaient menacés alors qu’il n’a rien fait pour les plans sociaux de PSA et Renault, qui vont aboutir à la disparition de plus quinze mille emplois en France. Idem pour les sites de Florange, Sanofi ou Pétroplus, qui vont bien fermer. Le ministre parle, les plans sociaux et les licenciements passent, sans le moindre ajustement.
Faux-semblants européens
Mais le plus pathétique est sans doute cette sortie sur la nécessité de « libéraliser les aides d’Etat » en matière industrielle. Par-delà le choix plus que discutable du mot « libéraliser », bien peu approprié à un débat clair, comme souvent, le constat est juste : les autres pays, asiatiques ou américains, n’hésitent pas, eux, à soutenir les projets industriels privés pour inventer les technologies de demain. Sur le fond, on pourrait dire que le ministre n’a pas tort de demander « à monsieur le commissaire Almunia de prendre des dispositions protectionnistes sur la concurrence déloyale ».
Cependant, cette demande pose de nombreux problèmes. Tout d’abord, on peut se demander s’il ne se moque pas un peu du monde puisqu’il demande au commissaire de violer les traités que le PS et l’UMP ont ratifiés. N’aurait-il pas fallu y penser avant ? Ensuite, c’est le moyen un peu trop commode de rejeter la responsabilité de la désindustrialisation sur l’Europe en disant que c’est la faute de la Commission, alors que la responsabilité ultime est celle de ceux qui ont ratifié les traités. En outre, pourquoi vouloir exercer le pouvoir, s’il faut ensuite mendier auprès de la Commission pour agir ?
Enfin, le ministre de l’effondrement productif, qui s’était fait l’apôtre du « fabriqué en France » devrait également veiller à utiliser un vocabulaire « fabriqué en France ». Ce n’est pas parce que les anglo-saxons dominent les nouvelles technologies qu’il faut parler d’update, de leadership et de made in France. Cela fait quand même beaucoup d’anglicisme pour un ministre de la République. Mais cela est-il surprenant de la part d’un gouvernement qui semble plus préoccupé par le niveau en anglais de la population que par son niveau en français, comme le montre le scandaleux projet Fioraso.
Tel Nicolas Sarkozy, Arnaud Montebourg s’agite en se défaussant de la responsabilité de son échec sur l’Europe. Mais derrière les mots qui peuvent plaire, il n’y a que de l’inaction, comme les salariés de Pétroplus l’ont tristement découvert. Pour vraiment changer, il faudra vraiment changer de dirigeants.
Laurent Pinsolle
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national à l’Équilibre des Compte publics et au Patriotisme économique