Ce samedi 20 juin l'Accord d'Alger a finalement été signé à Bamako par une partie de la Coordination des mouvements de l'Azawad-Nord Mali. Ni la méthode de négociation, ni le calendrier, ni le fond, ni la forme de ces accords ne sont ce qu'il aurait fallu faire. Peuvent-il dès lors réussir à ramener la paix, la démocratie et le développement au nord Mali (800 000 km2)?
Tout va dépendre de l'interprétation de ces textes pleins de sous entendus ou de non dits. En réalité tout dépendra de la bonne foi démocratique du Président Keïta et de la détermination de la France.
L'Afrique, c'est plus d'un milliard d'habitants, beaucoup de Francophones, des peuples amis, des ressources naturelles stratégiques, des voix à l'ONU, des marchés, une croissance de 4 à 6%. Mais c'est aussi des masses instables de migrants, des menaces terroristes, des puissances concurrentes qui s'y déploient. Et le Mali est à la fois un boulevard criminel de trafics et de terroristes, une zone immense, sensible et stratégique, la vitrine de la réussite de l'armée française.
Or, les accords d'Alger, et les textes postérieurs (relevés de conclusions et programme d'action, la question de Ménaka) sont imprécis et les interprétations dépendront de la bonne foi des parties signataires. La France devra être particulièrement attentive à la mise en œuvre des accords car il est essentiel que son armée puisse se retirer de ce théâtre d'opérations, et que la France puisse présenter un bilan positif : gagner la paix après avoir gagné la guerre, et pour cela :
1 Une véritable décentralisation.
2 Des élections régionales transparentes et démocratiques, avec le retour des dizaines de milliers de réfugiés maures, peuls, songhoïs et touaregs ( repliés au Niger, Burkina, Mauritanie)
3 La mise en place des Assemblées régionales et l'allocation de moyens de fonctionnement
4 La possibilité pour ces assemblées de s'organiser et de recevoir l'aide internationale (infrastructures, agriculture…)
5 L'intégration des combattants dans le système national des forces de maintien de l'ordre.
La créativité et la détermination politiques et juridiques seront déterminantes dans les mois qui suivent. Pour le Mali, pour ses populations, pour l'Afrique…Mais aussi pour l'Europe et pour la France.
Henri Temple
Délégué national à l'Indépendance de la France