Anne Boissel, Vice-Présidente de Debout la France, est également Maire de Saon dans le Calvados et agricultrice dans une exploitation laitière
Depuis 2009, les manifestations passent et se ressemblent mais le constat est toujours aussi alarmant…
La disparition des exploitations laitières, bovines et porcines s’accélère. Les campagnes se vident de toutes activités et les mots qui reviennent le plus souvent sont : dépôts de bilan, suicides et dépressions. Ah ! Elles résonnent dans nos têtes les petites phrases comme celle de Bruno Le Maire en 2010 « je ne laisserai pas un agriculteur sur le bord de la route » ou les annonces de Stéphane Le Foll se félicitant actuellement de déblocages de millions d’euros qui ne résoudront rien puisque les agriculteurs produisent chaque jour à perte.
A qui la faute ? Dans un tweet, hier, le ministre de l’agriculture nous répond qu’il n’y est pour rien… Qu’il ne peut pas agir sur les prix, que c’est une crise de marché.
Ben Voyons ! Quel courage politique ! C’est vrai que le destin des paysans se trouve aussi dans les mains de Phil Hogan, commissaire européen chargé de l’agriculture qui continue de clamer à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de crise dans l’élevage européen…
Pourquoi Stéphane Le Foll et ses collègues précédents ont ils cautionné le détricotage de la PAC qui avait été crée pour assurer un revenu décent aux paysans ?
Pourquoi ne met-il pas en place l’étiquetage de l’origine sur les produits transformés si fortement demandé depuis les dernières crises ?
Pourquoi laisse-t-il s’imposer toujours plus de concurrence déloyale avec des normes sociales et environnementales toujours plus lourdes en France ?
Pourquoi ne se bat-il pas contre la directive sur les travailleurs détachés ?
Pourquoi ne stoppe-t-il pas les accords du Traité transatlantique ?
Paysans, nous sommes à l’agonie, dévastés par le sentiment de ne plus pouvoir laisser la tête hors de l’eau. Le libéralisme et la dérégulation de la production porcine était un modèle à ne pas suivre et pourtant cette politique destructrice a été appliquée à la production laitière.
A Debout La France, nous nous battons depuis de nombreuses années pour que les agriculteurs vivent de leur métier et proposons notamment :
L’instauration d’une exception agricole à l’OMC sur le modèle de l’exception culturelle ! L’agriculture ne peut se réduire à une seule bataille sur les prix. Elle doit remplir d’autres exigences que l’OMC ne lui reconnait pas : assurer l’indépendance alimentaire, garantir la sécurité des aliments, valoriser les territoires.
– Le rétablissement des prix garantis planchers, à l’image du Canada, sur certaines productions comme le lait. Avec la suppression des quotas, les excédents des pays à bas coûts vont déséquilibrer les marchés et faire chuter les prix en dessous des coûts de production. La nouvelle PAC consacre plus de la moitié de son budget à des aides découplées, ne prend pas en compte la volatilité du marché, dérégule complètement certains secteurs, comme celui du lait, et détruira très probablement à terme le tiers de nos exploitations restantes.
– L’étiquetage obligatoire du pays d’origine des produits !Les consommateurs sont dupés par l’opacité créée par certaines marques qui utilisent des slogans pour cacher l’endroit où ils s’approvisionnent.
– Et Debout La France refuse le traité transatlantique qui va déstabiliser toute l’agriculture, généraliser des mauvaises pratiques, comme le poulet au chlore ou le bœuf aux hormones, et détruire nos terroirs.
Nous ne pouvons plus attendre, il faut agir très vite pour sauver l’attractivité et la vie dans nos campagnes, sauver l’élevage Français et nos veaux, vaches, cochons…
Anne Boissel
Vice-Présidente de Debout La France