Lettre ouverte au Président de la République –
Ayons le courage de bâtir des champions industriels vraiment européens, au lieu de brader les fleurons français à des multinationales étrangères.
M. le Président de la République,
Nous savons tous que vous avez un sens aiguisé de la communication. François Henrot, votre ancien Directeur à la banque Rothschild, témoigne d’ailleurs de vos « qualités intellectuelles extraordinaires » pour « raconter une histoire » et votre maîtrise des techniques de « manipulation de l’opinion ».
Pour toutes ces opérations, vous avez choisi de céder ces industries françaises à un groupe étranger. Vous le revendiquiez même, c’était à vos yeux une preuve d’ouverture à la mondialisation et un échauffement pour votre campagne électorale.
Quand FMC a absorbé Technip, vous parliez même de créer un « Airbus du parapétrolier ». Vous avez visiblement un usage immodéré de cette formule magique de com, y compris pour oser qualifier de « partenaire européen » une entreprise américaine !
Alors que Technip avait un chiffre d’affaires plus important que FMC, vos représentants au conseil d’administration de l’entreprise (l’Etat gérait 7,5% du capital) ont tout cédé aux Américains. Au bout d’un an, après avoir perdu 16% de ses effectifs, Technip était sous contrôle d’un conseil d’administration formé aux deux tiers par FMC ! Personne n’a compris les raisons économiques, financières ou industrielles qui justifiaient cette opération conseillée par la banque Rothschild, tout comme l’absorption de Lafarge par Holcim ou d’Alstom par GE, autres opérations conseillées par cette même banque.
Oui il faut créer des champions industriels européens sur le modèle d’Airbus
Oui il faut créer des champions industriels européens sur le modèle d’Airbus, des alliances équilibrées et pérennes qui permettent d’associer nos efforts pour conquérir des marchés, gagner la bataille de l’innovation et assurer notre souveraineté technologique. Or la clé de tels projets européens, c’est la répartition du capital de la nouvelle entreprise qui doit être partagée équitablement. Le pacte d’actionnaire d’Airbus est très simple : France et Allemagne contrôlent chacune 11% des actions et nul ne peut monter au-delà de 15%.
Les accords que vous avez supervisés et acceptés avec Siemens et Fincantieri n’ont rien à voir puisque vous leur donnez plus de 50% des actions à chaque fois ! Les intérêts français s’avèrent donc soumis au contrôle d’une multinationale étrangère. En vérité, il n’y a aucun partenariat car vous n’avez pas eu le courage de l’imposer. Pensez-vous obtenir autre chose en faveur de votre propre agenda politique de la part de Berlin ou de Rome en sacrifiant notre industrie ?
Il n’est pas trop tard pour que l’intérêt national reprenne le pas sur la haute trahison.
Il n’est pas trop tard non plus pour que l’Assemblée Nationale et le Sénat prennent leur responsabilité en organisant enfin une large commission d’enquête parlementaire sur la politique industrielle que vous avez menée en tant que secrétaire général de l’Elysée, ministre de l’Economie et président de la République, en particulier pour éclaircir les soupçons de conflits d’intérêts qui hantent ces dossiers.
Il n’est pas trop tard pour que l’intérêt national reprenne le pas sur la haute trahison.
Nicolas Dupont-Aignan
Président de Debout La France
Député de l’Essonne
Voir la tribune sur https://www.marianne.net/debattons/tribunes/alstom-stx-cessons-le-pillage-organise-de-l-industrie-francaise