Jérome Cahuzac a fini par l’avouer. Oui, il est bien propriétaire de comptes bancaires en Suisse et à Singapour afin d’échapper à la fiscalité française, et ce depuis près de vingt ans. Il s’agit là, ni plus ni moins, que d’un mensonge éhonté contraire à la morale publique qui devrait animer tout élu de la République et encore plus tout ministre.
Jérôme Cahuzac a bâti toute sa carrière sur une réputation de probité et de compétence économique. A la tête de la commission des finances de l’Assemblée avant 2012, il était l’image de la bonne gestion socialiste. Il était naturellement devenu le ministre du Budget du gouvernement Ayrault et de Bercy, il était devenu le chantre de la lutte contre la fraude fiscale qu’il n’avait cessé de dénoncer lorsqu’il était dans l’opposition avec ses camarades.
Ministre du Budget, il était devenu l’instigateur de la rigueur imposée aux Français afin de satisfaire aux exigences de Bruxelles et des marchés financiers. Le décalage entre les efforts réclamés à nos compatriotes et un ministre qui enfreint les propres lois de son pays n’en est que plus scandaleux. Il ne rend les sacrifices demandés que plus injustes et alimentent le « tous pourris » o combien compréhensible aux yeux des français.
Son aveu ruine la crédibilité de la parole publique et va une nouvelle fois jeter l’opprobre sur l’ensemble de la classe politique. Pis, en mentant « les yeux dans les yeux » au Président de la République et à l’Assemblée nationale, il a commis une atteinte au respect des institutions de la République ; il a commis un crime envers la Nation et envers la politique. Une telle faute est impardonnable et ne doit pas rester impunie.
C’est à la Justice de faire son travail et de poursuivre les investigations qui ont menés à la mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale de Jérôme Cahuzac. Nous ne devons pas tomber dans la chasse-à-l’homme comme savent si bien le faire les socialistes mais dire qu’il y a encore quelques mois, quelques semaines, ils osaient assener leurs leçons de morale sans relâche sur l’affaire Bettencourt ou sur l’affaire Depardieu…
Par contre, il est plus que temps de réellement moraliser la vie politique, de sortir des conflits d’intérêts et de rétablir la valeur de la parole publique : en clair de se donner les moyens d’avoir une République Exemplaire. Pour cela, nous réclamons que les moyens des pôles financiers chargés de la corruption soient renforcés et que les affaires soient poursuivies, qu’une vraie loi sur les conflits d’intérêts soit votée et que tout élu condamné dans le cadre de ces fonctions ne puisse plus être élu à vie. Enfin, devant un tel flagrant délit de mensonge devant la représentation nationale, nous devons réfléchir, comme aux Etats-Unis, l’instauration d’un délit de parjure car il ne doit pas être possible de mentir devant les représentants du peuple.
Nicolas Calbrix
Président de Debout les Jeunes