Alors que la crise du Covid 19 et surtout sa faculté à se répandre aussi facilement aux 4 coins de la planète nous amène indéniablement à militer pour plus de protectionnisme, de contrôles aux frontières et par conséquent une relocalisation de nos productions, et au premier plan celle de notre alimentation, voilà que le commissaire européen au commerce Phil Hogan annonce en ce 28 avril la conclusion d’un accord commercial entre l’Union Européenne et le Mexique prévoyant l’importation de nombreux produits agricoles (bœufs, volailles, porcs et miel) bénéficiant de droits de douanes préférentiels.
A titre d’exemple, cet accord prévoit l’importation de 20.000 tonnes de viande bovine et 10.000 tonnes de viande porcine mexicaine sur le continent européen qui naturellement ne correspond pas à nos standards en matière de normes sociales, sanitaires et environnementales imposées à nos propres éleveurs.
A l’heure où ces derniers continuent de travailler sans relâches en cette période où une large partie de notre économie tourne au ralentit, où le contexte si particulier que nous traversons nous rappelle combien la souveraineté alimentaire doit être plus que jamais défendu, cet accord, habillement planifié au vu de l’actualité, résonne comme une véritable provocation de la part d’une institution qui nous démontre hélas une fois de plus sa déconnexion totale des préoccupations de nos concitoyens tout comme de l’économie de nos territoires ruraux, le tout dans un silence médiatique assourdissant.
Alors que particulièrement nos éleveurs en viande bovine sont depuis fort longtemps les parents pauvres de l’agriculture française avec des prix payés n’ayant pas évolués depuis les années 80 tout en continuant de subir les pressions des industriels, et ce sans aucun bénéfices pour le consommateur, cet accord sonne comme le coup de grâce pour une production qui de surcroit connait les pires difficultés à assurer le renouvellement des générations !
Ce funeste accord qui s’ajoute à ceux du CETA, TAFTA et Mercosur doit plus que jamais nous inciter à poursuivre le combat pour sortir l’agriculture des griffes de l’OMC, plaider pour une PAC de bon sens revenant à ses fondamentaux et rompre avec cette Europe libre-échangiste !
Benoît Bulot
Délégué agriculture et ruralité DLF Sarthe