Chaque année, des millions d’animaux sont abattus sans étourdissement dans notre pays. Face à ce constat, de nombreux scientifiques et vétérinaires alertent sur le fait que l’abattage sans étourdissement préalable engendre beaucoup de souffrance chez les animaux (il faut compter de longues minutes d’agonie avant que l’animal ne meure). Que ce soit l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) ou le Conseil national de l’ordre des vétérinaires, tous estiment que les animaux doivent être inconscients avant leur mise à mort.
Que dit la loi française ?
La réglementation française rend obligatoire l’étourdissement des animaux destinés à la consommation humaine avant leur abattage[1], sous peine de sanctions (amendes et emprisonnements). Elle prévoit, cependant, une dérogation lorsque l’étourdissement n’est pas compatible avec les prescriptions de rites religieux.
Pourtant l’abattage rituel est compatible avec l’étourdissement ! En effet, ce dernier est pratiqué par certains pays musulmans comme l’Indonésie qui ont recours à l’électronarcose, l’étourdissement réversible ou encore le soulagement (qui consiste à abattre l’animal avec un pistolet mécanique après la saignée afin d’éviter une lente agonie). L’Australie, par exemple, pratique un étourdissement avec électronarcose et la certification halal est acceptée par les musulmans australiens. Dans d’autres pays comme la Norvège, la Suisse, le Danemark, l’abattage avec étourdissement préalable est obligatoire. Il en va de même pour la Belgique qui a, quant à elle, imposé par Décret l’abattage avec étourdissement, afin de préserver le bien-être animal. Ce décret a d’ailleurs été validé par la Cour de Justice Européenne au motif qu’il ne va pas à l’encontre des croyances religieuses et qu’elle estime qu’il s’agit d’un juste équilibre entre le bien-être animal et la liberté des croyants.
En France nous sommes loin du compte ! En effet, l’abattage sans étourdissement représente ¼ de la filière bovine et ¾ de la filière ovine et caprine. Qui plus est, l’étiquetage de la viande qui devrait théoriquement mentionner « viande provenant d’animaux abattus avec ou sans étourdissement » n’est pas appliqué et ce, malgré les propositions de loi du Sénat et de l’Assemblée nationale.
Face à ce constat de nombreuses associations de défense animale montent au créneau. L’OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs), a, par exemple, décidé d’introduire un recours en juin 2020 devant le Conseil d’État et envisage très prochainement de saisir la Cour Européenne des droits de l’homme. Elle a également mis à disposition des consommateurs une liste des abattoirs pratiquant l’abattage sans étourdissement afin de les informer. Les consommateurs peuvent aussi acheter de la viande labellisée AB qui garantit un abattage avec étourdissement.
Avec Debout la France, nous prônons la fin de l’abattage rituel sans étourdissement dans l’intérêt du bien-être animal et pensons qu’il est tout à fait compatible avec le respect des rites religieux. Nous souhaitons instaurer un dialogue constructif et respectueux avec les représentants des différents cultes en ce sens. Par ailleurs, Debout la France demande qu’en attendant la mise en place de l’abattage sans étourdissement, l’étiquetage de la viande soit appliqué obligatoirement afin d’informer en toute transparence le consommateur sur les conditions d’abattage des animaux. À ce titre, Debout la France avait rédigé le 10 avril 2019 la proposition de loi n°1857 visant à rendre obligatoire l’étiquetage affichant la mention “viande issue d’abattage rituel” avant sa mise sur le marché
Carole PELLISSON
Déléguée nationale au Bien-être animal
[1] Article R214-70 du code rural et de la pêche maritime