Un candidat qui affiche des idées et n’a pas de casserole. Par les temps qui courent , c’est déjà quelque chose.
Mais le candidat a un passé. Et a t-il un avenir ?
Il propose une politique au Proche – Orient qui donne la priorité à l’élimination de Daesch. Mais c’est bien sous son mandat que l’ambassade de France à Damas a été fermée, pour signifier à l’époque que l’ennemi principal était Bachar-El-Assad. Et c’est sous son mandat que la France a attaqué le régime de Kadhafi, après l’avoir reçu auparavant en grande pompe, livrant la Lybie aux factions djihadistes.
Il évoque la souveraineté de la France. Bravo ! Mais c’est sous son mandat que le référendum de 2005 a été bafoué par un vote du parlement réuni en Congrès.
Il évoque la lutte contre le chômage. Oui ! Mais c’est sous son mandat que la France a perdu des centaines de milliers d’emplois disparus dans les délocalisations.
Pour l’avenir, il nous annonce la fin de l’Europe fédérale. Diable ! Mais c’est pour proposer aussitôt un gouvernement économique de la zone Euro à la Giscard d’Estaing qui achèverait de nous déposséder de toute liberté en la matière. Il n’a d’ailleurs pas un mot sur l’évolution nécessaire de ce système monétaire rigide qui ne profite pas à la France.
Il veut drastiquement diminuer le nombre de postes de fonctionnaires. Mais qu’aurons-nous à y gagner si dans le même temps on les transforment en chômeurs ? Et si dans le même temps la fonction publique n’est pas modernisée, l’effort et la qualité enfin récompensés, ce qui exige aussi des moyens ?
Il veut pour la France l’économie du futur : nous aussi. Mais avec quoi va-t-il investir puisque son seul programme est celui, toujours et encore , des économies. Cent milliards ! Mais les recettes ? Rien dans ce qu’il nous propose ne nous permet d’espérer une relance durable et soutenable de l’économie sans laquelle il n’y aura pas de marge de manœuvre. Le travail à bas coût et le libre-échange sans contrainte restent son horizon économique. En supprimant les 35 heures, ce dont personne ne se plaindrait sur le principe, ce sera travailler plus pour gagner moins, car il ne nous dit rien de la fraude aux cotisations par le travail au noir, ni de la directive “travailleurs détachés” qui tue l’emploi.
Les frontières pour garantir notre sécurité? Toujours et encore “européennes”, même si son Europe est plus réduite. Dans l’attente, les frontières françaises seraient “retendues”, alors qu’il faudrait simplement les rétablir, vraiment.
Au bout du compte, vouloir réformer la France, qui en a besoin, sans s’en donner les moyens par la relance de l’économie, c’est transformer le traitement en purge.
Force est de le constater : avec son programme, François Fillon marche dans les pas de son ancien leader qu’il vient d’éliminer : au mieux il ne fera pas ce qu’il peut y avoir de positif dans son discours, au pire il fera le contraire, et dans tous les cas , le malheur de la France continuera.
François MORVAN