Nous célébrons aujourd’hui, 28 octobre, l’anniversaire de l’élection présidentielle au suffrage universel direct.
Alors que la Constitution de 1958 avait institué l’élection du président par un collège de 80.000 grands électeurs dans la tradition des IIIe et IVe Républiques, le général de Gaulle estima, quatre ans plus tard, qu’il était nécessaire de changer les règles. Pourquoi? Non pas pour renforcer sa propre légitimité. Il n’en avait pas besoin car il la tirait de l’Histoire avec un grand “H”, mais pour assurer l’avenir –il venait tout juste d’échapper à la mort dans l’attentat du Petit-Clamart– en donnant une vraie légitimité à ses successeurs qui ne bénéficieraient pas, selon toute vraisemblance, d’un aussi glorieux curriculum vitae que le sien. Il s’agissait donc de permettre aux futurs vainqueurs de l’élection présidentielle de disposer d’une assise populaire. Il avait la pérennité et la grandeur de l’Etat en ligne de mire. Comme il l’expliqua à la nation, le 20 septembre 1962, personne “ne doute que notre pays se trouverait vite jeté à l’abîme si, par malheur, nous le livrions de nouveau aux jeux stériles d’autrefois”. Pour éviter ce péril, il était impératif que ses successeurs reçoivent leur mandat du peuple, directement, sans aucune médiation!
Pour faire adopter cette réforme que de Gaulle jugeait tout aussi capitale que contraire à la façon de penser de l’élite, il décida de recourir au référendum plutôt que de passer par la voie parlementaire, provoquant une levée de boucliers du Conseil d’Etat et d’une grande partie de la classe politique. Finalement, le Conseil constitutionnel s’estimant incompétent pour juger de la conformité d’une loi adoptée directement par le peuple français, légitima la procédure employée et, le 28 octobre 1962, à la forte majorité de 62% des suffrages exprimés, les Français se prononcèrent en faveur de la réforme, malgré le “cartel des non”.
Aujourd’hui, de Gaulle aurait du mal à reconnaître la Ve République, tant elle a été défigurée par ses successeurs. Les primaires constituent sans nul doute la mesure la plus emblématique de ce travestissement. En effet, elles touchent l’élection-clé du régime et remettent en cause ce pourquoi De Gaulle avait décidé la réforme de 1962. Totalement contraires à l’esprit comme à la lettre de nos institutions, elles entraînent une américanisation de notre vie publique, un combat fratricide au sein du même camp, des querelles d’ego au détriment des débats de fond.
Rien ne le montre mieux que la façon dont les candidats dont le programme était gênant ont été écartés (Henri Guaino, Jacques Myard…) et dont la candidate susceptible de séduire les “média papier glacé” (Nathalie Kosciuzko-Morizet) a été qualifiée in extremis.
Ce n’est pas une confrontation d’idées avec de vrais choix de société qui est proposée lors de ces primaires, mais une compétition de marmitons qui font cuire de petites soupes sur de petits feux, comme le disait le général.
Ce n’est pas une confrontation d’idées avec de vrais choix de société qui est proposée lors de ces primaires, mais une bataille d’ambitions politiciennes autour de programmes très voisins, un casting pour anciens acteurs de série B qui ont échoué sur quasiment tout et qui cherchent à se refaire une virginité, une compétition de marmitons qui font cuire de petites soupes sur de petits feux, comme le disait le général.
Ce n’est pas la rencontre directe d’un homme (ou d’une femme) avec les Français (le corps électoral comprend actuellement 45 millions de personnes), mais la désignation d’un simple compétiteur par quelques centaines de milliers d’entre eux (selon toute vraisemblance au plus le dixième du corps électoral) partisans et/ou calculateurs, ce qui faussera totalement l’élection, créera beaucoup d’aigreurs et instillera des ferments de divisions lors de la campagne présidentielle, des législatives qui suivront et du futur quinquennat.
En un mot comme en cent, les primaires sont le parfait contraire de l’élévation gaullienne et de la recherche de l’intérêt général. On l’a compris, la seule primaire qui vaille est le premier tour de l’élection présidentielle et le 23 avril 2017 sera plus prêt du 28 octobre 1962 que les 28 octobre, 20 et 27 novembre de cette année!
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne, Président de Debout la France, candidat à l’élection présidentielle
Eric Anceau
Délégué national à l’Assimilation et à la Cohésion nationale