Par Emmanuel Galiero
RÉVOLTÉ. C’est le sentiment exprimé par Nicolas Dupont-Aignan, lors d’une visite surprise organisée au sein de la maison d’arrêt de Villepinte, en région parisienne. Le député de l’Essonne dénonce la réalité alarmante du milieu carcéral français, qu’il identifie comme l’une des sources du malaise policier puisque, selon lui, les délinquants « n’ont plus peur » de la prison.
« Les personnels sont courageux mais l’État les met dans une situation impossible », a confié l’élu en observant le fonctionnement d’un établissement de 587 places où s’entassent 1 079 détenus. Direction et surveillants souffrent d’un manque de moyens humains. Sur un effectif théorique de 170 agents, plus d’une vingtaine manquent à l’appel. « Un quartier d’arrivants avec deux matelas par terre, des cellules disciplinaires pleines à craquer ne permettant pas d’assurer les sanctions, des parloirs impossibles à surveiller, des portables et des stupéfiants partout… Le système craque de toutes parts. Il est criminel de laisser nos prisons dans cet état », s’est insurgé le candidat à la présidentielle en visitant les lieux, à quelques kilomètres de Paris.
« Remettre en marche la chaîne pénale »
« Il ne peut pas y avoir de respect du policier dans la rue si l’agresseur n’est jamais puni », a-t-il réclamé en proposant de « remettre en marche la chaîne pénale » sur la base d’un plan comptant onze mesures. Parmi elles, une augmentation du budget annuel du ministère de la Justice de 8 à 10 milliards, ce qui resterait inférieur aux budgets allemand et britannique. Il avance également la création de 40 000 places supplémentaires au rythme de 10 000 par an. « Je suis beaucoup plus lucide que Juppé qui n’en propose que 10 000 », a défendu le parlementaire, frappé par la promiscuité et l’ampleur des difficultés auxquelles les surveillants sont confrontés, souvent au mépris de leur sécurité.
La prison de Villepinte est l’un des sites pilotes du concept espagnol « Respecto ». Si certains agents jugent cette méthode efficace, d’autres la voient comme une forme d’abandon. Pour sa part, Nicolas Dupont-Aignan n’a pas été convaincu. « Les détenus circulent librement. Ils ont la clef de leur cellule uniquement parce qu’ils se conduisent bien mais moi, je pense aux victimes. C’est une inversion des valeurs totalement ubuesque ! », a-t-il critiqué en plaidant pour une politique de dissuasion pénale effective.
Le président de DLF a également proposé l’abrogation des lois Dati et Taubira, le recrutement de 5 000 surveillants et l’instauration de peines de prison planchers ferme pour toutes agressions de fonctionnaires (police, gendarmerie, pompiers) avec détention préventive jusqu’au procès. Il veut limiter à deux jugements le recours au sursis sans incarcération sachant qu’une troisième condamnation entraînerait automatiquement la résiliation du sursis. Plaidant pour le principe d’un détenu par cellule, au nom de la « dignité », il souhaite aussi que tout étranger condamné à une peine de prison ferme soit expulsé dès la sortie de prison.
En quittant la maison d’arrêt de Seine-Saint-Denis, le maire de Yerres a pensé à sa ville. « Quand je vois une prison comme Villepinte, je comprends pourquoi mes délinquants me rient au nez et menacent les policiers », a soufflé Nicolas Dupont-Aignan, qui entend dénoncer avec vigueur, durant la campagne présidentielle, « une démission dramatique de l’État ».