Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité politique.
« On voulait juste passer une bonne journée, entre femmes, avec nos enfants. »
Qui parle ainsi ? Mme Melisa Thivet, fondatrice et trésorière de SMILE 13 (Sœurs marseillaises initiatrices de loisirs et d’entraide). Et de quoi s’agit-il ? De la journée de baignade collective et récréative que son association avait programmée pour le samedi 10 septembre dans l’enceinte du Speedwater, parc aquatique en vogue, sis, comme son nom ne l’indique pas, à Plan de Campagne, dans les Bouches-du-Rhône.
Une initiative à première vue aussi anodine que sympathique ? Sans doute, si ce n’est que les femmes qui y étaient conviées étaient également invitées à « profiter des jeux et des activités du parc en portant des vêtements couvrant leur corps, de la poitrine aux genoux » et que les garçons âgés de plus de dix an s’en voyaient interdire l’accès. En clair, SMILE 13 organisait une journée burkini et jilbeb réservée aux femmes de confession musulmane (au moment où, piquante coïncidence, le burkini vient d’être interdit dans les piscines de Marrakech). D’où quelques remous dans l’eau du bain.
Le parc aquatique retenu étant privatisé pour l’après-midi, cette journée ne constituait en aucun cas un délit, précisons-le. Peut-on pour autant, au bénéfice du doute, faire bénéficier Mme Thivet de la présomption d’innocence et admettre, comme elle le prétend, que c’est en toute candeur qu’elle soumettait, l’espace d’une journée, une portion de notre territoire à des lois et des mœurs qui ne sont pas les nôtres ? La foi, parfois, n’exclut pas la mauvaise foi.
Convertie à l’islam, mais française de nationalité, de naissance et peut-être même d’origine, Mme Thivet serait-elle si mal informée sur le pays qui est le sien qu’elle ignore que la mixité des sexes y est la règle, à l’école, au travail et dans les espaces publics ? Ignorerait-elle également qu’il n’est pas dans nos usages que les femmes s’y enveloppent d’élégants sacs-poubelles, ou revêtent, de leur vivant, de seyants linceuls, et qu’elles n’y sont pas contraintes de dérober leur corps, leur peau, leurs cheveux et jusqu’à leur visage, sources d’autant de tentations malsaines, à l’odieuse concupiscence des mâles. Sous couleur, comme l’affirme le fils de la présidente de SMILE 13, d’inciter « les femmes voilées à sortir un peu de chez elles », la manifestation prévue le 10 septembre, n’est-elle pas au contraire de nature à les enfermer dans leur différence et à se plier aux contraintes d’un communautarisme qui, en les ramenant aux siècles obscurs où elles n’étaient pas émancipées de l’antique esclavage machiste, les exclut de la collectivité nationale.
Marseillaise, vivant à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, en France, en août 2016, comment Mme Thivet pourrait-elle être à ce point ignorante du contexte tragique que nous connaissons qu’elle ait méconnu que sa « journée burkini » ne pouvait être perçue que comme une insolente provocation et un crachat sur les tombes toutes fraîches des dernières victimes du fanatisme islamiste ?
Des voix s’élèvent pourtant pour défendre Mme Thivet. Mme Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, que l’on a connue mieux inspirée, « se dit écœurée par une polémique politique visant encore à stigmatiser les musulmans ». « De quel droit, ajoute-t-elle, empêche-t-on les gens de se baigner comme ils veulent ? » Il n’est pas question ici de droit, mais de comportements non seulement contraires à nos coutumes mais incompatibles avec nos valeurs, incompatibles avec une vie sociale harmonieuse et apaisée, incompatibles avec une cohésion nationale plus nécessaire que jamais.
Si Mme Thivet ou Mme Ghali vivaient au Yémen ou en Arabie saoudite, auraient-elles l’idée d’y ouvrir une plage nudiste, fut-elle privée, ou d’y organiser, fût-ce dans un lieu clos, une petite Gay Pride de derrière les fagots ? Non, bien entendu, et pas seulement par peur de choquer les naturels de ces heureuses contrées mais parce que chacun sait que là-bas, contrevenir à la charia est plus durement châtié que faire chez nous quelques entorses à la laïcité.
Les baigneuses en burkini que Mme Thivet comptait réunir en Provence le 10 septembre prochain ont-elles besoin de cours de natation ? Il serait sûrement plus urgent et plus utile de leur donner des leçons de français.
Dominique Jamet
Vice-Président de Debout la France