La population du Royaume-Uni a voté. En faveur d’une sortie de l’Union européenne. Notre ministre des Affaires étrangères a fait part de sa tristesse pour le Royaume- Uni. Cela prouve bien que sa culture s’agissant de la stratégie générale et de la stratégie industrielle du Royaume lui est effectivement étrangère.
Les Anglais, puis les Britanniques, ont toujours suivi avec minutie les relations et rapports de force entre la France et l’Allemagne. Ils se sont toujours mis du côté du plus faible des deux. A la faveur de cette union de circonstance, ils étaient à l’abri d’une attaque, sans être inquiétés par leur allié du moment. Depuis leur entrée en 1973, le risque a disparu.
Dans un autre registre, lorsqu’un projet industriel comprenant de multiples partenaires menaçait leur propre industrie, ils n’ont eu de cesse de s’introduire dans l’association une fois que leur manœuvre pour la saper dès le départ avait achoppée. Une fois l’entreprise commune bien structurée et bien lancée, il était coutumier qu’ils s’en retirent espérant ainsi que le château de cartes s’écroulerait. Le lecteur pourra se remémorer les difficultés rencontrées dans le projet d’hélicoptère NH 90 par exemple, qui malgré tout a abouti.
Puisqu’il est de bon ton dans un billet de mentionner quelques déclarations historiques, citons Sir Winston Churchill :
- « … aux cotés de l’Europe mais pas dans l’Europe »,
- « … entre l’Europe et le grand large, nous choisirons toujours le grand large », y compris lorsque ce choix s’effectue au détriment de leurs intérêts, comme ce fût le cas en Irak : leur engagement a laissé des séquelles durables dans leur armée (moral et finances) et dans le peuple britannique.
Enfin n’oublions pas que dès leur entrée dans l’Union européenne les Britanniques se sont prononcés pour l’entrée de la Turquie dans cette Union. Pourquoi ? Mais parce qu’alors il n’y avait plus de risque que se crée un « Etat fédéré européen». Seul un grand marché pourrait survivre et se développer. L’apothéose pour un Britannique.
Avec leurs succès dans l’obtention d’opt-out (exceptions particulières), les Britanniques n’ont jamais été dans l’Europe. Le général De Gaulle ne les voulait pas. La faiblesse de ses successeurs et leurs petites manœuvres politiciennes leur ont permis de s’infiltrer, d’y compter, de prendre une position importante tout en étant à part. Ils réclamaient un fauteuil dans le Conseil d’administration de l’Euro ! Un jeune du 21ème siècle dirait : « on rêve ! »
Les Britanniques ont eu la chance de s’exprimer démocratiquement, chance qui nous a été refusée. Allons Monsieur le ministre, ne soyez pas triste pour eux ! Aujourd’hui le marin que je suis regrette – un instant – de ne pas être Anglais