Le référendum sur le “Brexit” et la perspective d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne tétanisent tout ce que l’Europe compte d’élites politiques, économiques et médiatiques. Pourtant, que le suffrage universel penche pour le “in” ou le “out” n’est finalement pas l’essentiel: le référendum britannique doit d’abord être vu comme un accélérateur de l’Histoire, comme la chance historique de refonder enfin l’Europe!
En effet, de l’aveu même de ses plus ardents soutiens, l’UE se délite à grands pas, elle prend l’eau de toutes parts et menace désormais, à l’image d’une digue cédant à la montée des eaux, de se disloquer brutalement à la première crise venue. Disons-le tout net, cette Europe bruxelloise ne peut plus être sauvée.
Et elle ne le doit pas non plus: car c’est bel et bien par sa propre faute qu’elle se retrouve aujourd’hui en situation de faillite terminale. On entend parfois le dernier carré des fédéralistes accuser le “populisme” d’avoir tué l’utopie européenne, mais celui-ci n’est jamais que la conséquence des échecs et des coups de force qui, depuis une génération, en ont émaillé le cours.
Oui, ce sont les politiques d’élargissement jusqu’à l’absurde (bientôt l’Ukraine et la Turquie?), de laisser-faire migratoire, de monnaie chère avec l’euro et le Pacte de stabilité, d’exacerbation de la mondialisation avec un libre échange dérégulé, de concurrence sauvage à l’intérieur même du Marché unique, ou encore de piétinement sans scrupule du suffrage universel (qui a oublié le 29 mai 2005?), qui ont ruiné dans les cœurs et les esprits la crédibilité de l’Union européenne. Cruel paradoxe, c’est l’UE elle-même qui a trahi la belle idée européenne qu’elle est pourtant censée incarner, au risque d’en dégouter les peuples!
Il faut aujourd’hui donner une nouvelle jeunesse à cette belle idée de paix et de coopération durables, qui ne doit pas mourir. Cela implique de reconstruire de la cave au grenier la Maison commune. Les deux conceptions historiques de l’Europe continuent de se faire face. D’un côté le fédéralisme antinational, dont les zélotes nous assurent -à l’image des anciens sectateurs de l’URSS- qu’on ne l’a pas poussé assez loin, et dans lequel il faudrait maintenant faire un “grand bond en avant”… Peu amateur, comme l’immense majorité de nos concitoyens, des utopies aveugles aux lendemains qui déchantent toujours -ainsi que l’a prouvé le tragique XXe siècle- je préfère pour ma part la seconde option, celle de l’Europe des Nations et des projets concrets voulue par le Général de Gaulle. Une solution neuve et efficace que l’intégration supranationale a tout fait pour étouffer depuis un demi-siècle, dont les quelques esquisses -notamment Airbus- ont pourtant démontré tout le bien qu’on peut concrètement en attendre.
Pour sortir de la prison des peuples dans laquelle nous a enfermés l’UE, la seule solution est d’instaurer une Europe allégée, ce qui n’interdira pas -bien au contraire- le développement de coopérations concrètes et efficaces entre nations souveraines. En effet, L’Europe actuelle régente indument la vie quotidienne des peuples sans apporter la valeur ajoutée qu’on attend d’elle sur les politiques où les pays membres gagneraient à agir ensemble. Tel un syndic d’immeuble devenu fou, Bruxelles décide de la couleur des rideaux, des menus ou de l’heure d’extinction des feux chez les copropriétaires, tout en négligeant l’entretien des parties communes. Le monde à l’envers!
C’est pourquoi il faut rendre aux nations la maîtrise de leur frontières, de leur lois, de leur budget et de leur monnaie, sans quoi la démocratie est fatalement mutilée et déclinante. Parallèlement, comme je le propose dans un projet de traité alternatif européen, délimitons enfin l’Europe pour éviter l’élargissement à la Turquie, débarrassons-nous des institutions fédérales tentaculaires et bureaucratiques comme la Commission de Bruxelles ou la Cour de Justice dirigées par des apparatchiks non élus, de même que des usines à gaz néfastes que sont Schengen et la directive des travailleurs détachés!
Organisée en agences spécialisées placées sous le strict contrôle des Etats et libérée de l’emprise d’une fonction publique communautaire parasitaire appelée à disparaître, l’Europe pourra enfin porter les coopérations à la carte utiles à notre avenir: l’éradication du cancer et le redressement démographique du continent, l’exploration et la valorisation de l’espace et des grands fonds marins, l’invention des énergies du futur, le développement d’une Europe agricole conquérante, l’affirmation d’une politique d’influence et d’équilibre vers le reste du monde, etc.
C’est le cœur de mon futur projet pour la France, que je défendrai lors de l’élection présidentielle de 2017. Qu’on ne s’y trompe pas: la réforme européenne n’est certes pas la recette magique qui règlera tous nos problèmes, mais elle n’en est pas moins le préalable obligé. Depuis 25 ans, la France est bloquée. Chacun sent qu’il est grand temps de retrouver notre liberté. C’est en nous assumant sereinement mais pleinement comme Français que nous serons vraiment ouverts aux autres. N’ayons pas peur!