Un véritable cri du coeur: de passage à Londres récemment, Barack Obama mettait en garde les Britanniques..
On entend souvent que l’UE rend les Etats européens plus forts sur la scène internationale, plus capables de résister aux autres puissances et d’obtenir de meilleurs conditions dans les négociations diplomatiques. Mais pourquoi alors les Etats-Unis tiendraient-ils tant à ce que le Royaume-Uni reste dans le giron de Bruxelles et qu’aucun pays ne retrouve son indépendance en quittant « l’Union » ?
Un argument classique en faveur de « l’Union » est effectivement que les Etats seront plus forts dedans que dehors. « La France est si petite qu’elle sera aux ordres des grandes puissances étrangères si elle ne se fond pas dans l’Europe ». L’intervention américaine contre le Brexit apporte un cinglant démenti à cet optimisme béat. Car si la « construction européenne » permettait réellement aux Etats européens de contrebalancer l’influence étrangère – et en particulier américaine – pourquoi Barack Obama tiendrait-il tant à maintenir la cohésion de l’UE ? Pour se créer un concurrent de plus en plus puissant ? ON peut en douter.
Barack Obama est un homme intelligent, fin connaisseur des rapports de force et très soucieux des intérêts américains. S’il fait campagne pour l’Europe de Bruxelles, c’est parce que cette Europe est favorable aux intérêts de son pays. Si la Commission de Bruxelles opposait une quelconque résistance aux demandes américaines dans la négociation du traité de commerce transatlantique ou dans n’importe quel autre domaine important, les Etats-Unis ne la soutiendraient pas face au Brexit : ils menaceraient même peut-être de faire campagne pour le Brexit !
La campagne américaine contre le Brexit démontre clairement que « l’Union européenne » ne sera jamais une puissance sur la scène internationale, comme le confirme sa longue liste d’échecs diplomatiques.
La Commission européenne négociait récemment avec la Chine au sujet de la crise de l’acier car la sidérurgie chinoise inonde l’Europe de produits à bas coût. Comme face aux Etats-Unis, la Commission européenne n’a obtenu aucune concession de la part de la Chine. Elle n’a même pas eu le courage de relever ses barrières douanières comme l’ont fait le Japon, l’Inde, le Brésil ou l’Australie.
On ne reviendra pas sur l’échec des « sanctions » face à la Russie, « sanctions » qui ont seulement réussi à aggraver la crise agricole en privant nos producteurs d’un débouché. La tentative de chasser la Russie de Crimée était sans doute une mauvaise idée mais elle a surtout été un révélateur de la totale impuissance de « l’Union européenne ».
On ne reviendra pas non plus sur l’enthousiasme des dirigeants de Bruxelles en 2003 au sujet de de la guerre en Irak. C’est parce qu’il n’y avait pas de diplomatie commune dans ce domaine que la France a pu refuser de suivre les Etats-Unis.
« L’Union» est si faible qu’elle s’incline même désormais face au chantage de la Turquie.
La seule réussite de « l’Union » de plonger la Grèce dans la misère à coup de « réformes structurelles ». Ce n’est même pas une démonstration de force car chacune de ces « réformes » a donné lieu au versement de nouveaux prêts que la Grèce ne pourra jamais rembourser. Force est de reconnaître qu’un bras de fer où chaque manche gagnée coûte des dizaines de milliards d’euros au vainqueur ne donne pas une impression de superpuissance.
On a pu croire de bonne foi que « l’Union » ferait de l’Europe une grande puissance ; chacun doit reconnaître aujourd’hui qu’elle est chaque jour plus faibles que les grands Etats européens.
« La grandeur est un chemin vers quelque chose qu’on ne connaît pas », disait le Général de Gaulle. On saura le 23 juin si les Britanniques ont le courage de retrouver ce chemin en préférant « l’inconnu » du Brexit aux instructions de l’Oncle Sam.
Damien Lempereur
Délégué national chargé des relations avec les partis politiques étrangers