Paris, le 29 Mars 2016
A l’attention de Mesdames et Messieurs les députés
Madame, Monsieur, chers collègues,
Je vous avais mis en garde dès le mois de décembre dernier contre le danger que constituait pour nos institutions et notre démocratie la loi dite de « modernisation » des conditions d’organisation de l’élection présidentielle. Ce projet, vous disais-je alors, ne vise en réalité qu’à restreindre l’offre politique au premier tour de cette élection, au profit, bien entendu des « grands » partis installés et des grandes écuries présidentielles. Il institue entre les divers concurrents une situation d’inégalité contraire à tous les principes du sport et de la République. Il crée une distinction entre des candidats de première classe, auxquels il accorde un avantage supplémentaire et des candidats de seconde classe qu’il affecte d’un handicap de plus.
Ce texte scélérat, voulu par le gouvernement a été voté à la faveur de la nuit en première lecture. Son adoption définitive est prévue mardi prochain 5 avril. Cela ne doit pas être. Vous ne le permettrez pas.
Dès lors qu’il s’agit d’une loi organique, elle doit recueillir la majorité absolue des membres de notre Assemblée, soit 289 voix. C’est dire la responsabilité personnelle et historique qui pèsera sur les épaules et la conscience de chacune et chacun d’entre nous. Les étiquettes politiques et la discipline de vote ne sauraient jouer dans une question essentiellement morale.
Intimidation des élus locaux mis implicitement en demeure de ne plus accorder leur parrainage à des candidats indépendants des grandes machines électorales, édiction, au rebours de l’intitulé même de la loi, de règles archaïques pour la présentation des candidats, et maintenant substitution d’un vague et prétendu « principe d’équité » à la règle simple et claire d’égalité des temps de parole des candidats pendant la période dite « intermédiaire », tout est fait depuis quelque temps pour encadrer, fausser, dénaturer finalement l’élection-clé de notre système politique, l’ultime rempart de la pleine souveraineté populaire.
C’est au CSA qu’il reviendrait de veiller à la bonne application du nouveau principe retenu, en tenant compte, notamment de la « représentativité » sondagière et électorale de chaque candidats, comme de sa « contribution à l’animation du débat électoral (sic). C’est ouvrir la porte à la subjectivité d’une autorité dont les décisions ne seraient pas susceptibles d’appel, en clair à l’arbitraire. On n’agirait pas autrement si l’on voulait encore renforcer la colère et la défiance des Français contre une classe politique de plus en plus contestée dont de semblables subterfuges ne peuvent qu’accroître le discrédit.
Cinq semaines d’égalité du temps de parole sur les deux cent soixante que compte un quinquennat, cette dose homéopathique de démocratie serait encore excessive aux yeux de nos docteurs en politologie ! Faute de faire baisser la fièvre, on truque le thermomètre ! La démocratie ne sort pas indemne de ces mauvais traitements.
Mardi prochain, chacune de nos voix, chacune de vos voix compteront. Je veux croire qu’il n’en manquera pas une pour repousser cette nouvelle atteinte à nos institutions et à la crédibilité de nos élections. Je compte sur votre volonté intacte de défendre les principes de justice et la véritable équité que menace un texte liberticide, et dans cette attente, je vous prie , Madame, Monsieur, chers collègues, d’accepter l’assurance de ma parfaite considération
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout La France