La posture de Henri Guaino est-elle plus sincère que celle de Laurent Wauquiez ?
Je ne suis pas là pour donner tel ou tel brevet de sincérité à l’un ou à l’autre.
C’est vrai que leurs postures sont différentes de nature. Henri Guaino n’a pas de responsabilités chez Les Républicains, et il s’émeut depuis des années de la dérive de ce parti. Il a en outre refusé de voter pour Alain Lamassoure, et je le comprends, aux dernières élections européennes. Laurent Wauquiez, lui, est totalement engagé auprès de Nicolas Sarkozy.
En tant que grand parti républicain de droite, la formation Les Républicains peut être perçue comme l’héritière du camp du Général De Gaulle. Mais d’après vous, les idées gaullistes sont-elles encore portées et défendues par ce parti ?
Tout d’abord, je ne pense pas que le parti Les Républicains soit perçu comme l’héritier du gaullisme, à moins de mal connaître ce que fut la pensée du Général de Gaulle.
Deuxièmement, ce parti a totalement abandonné les principes gaullistes, et ce sur deux plans. Sur la question européenne, puisque c’est ce parti qui a ratifié le Traité de Lisbonne, une copie conforme de la Constitution européenne rejetée par le peuple français en 2005 – un problème majeur –, et enfin dans son fonctionnement et son idéal. Il n’y a aucun doute là-dessus. Personne n’est d’ailleurs forcé d’être gaulliste. L’élection de Monsieur Chatel à la présidence du Conseil national de LR est éloquente. Je comprends que Monsieur Guaino soit très malheureux.
Le gaullisme est-il devenu chez certains politiques une étiquette qu’on peut revendiquer pour le prestige, participant ainsi à son galvaudage ?
Il y a en effet beaucoup d’instrumentalisation et de superficialité. Personne n’est obligé de se revendiquer du gaullisme, tout comme personne ne peut s’en arroger le monopole. C’est une source d’inspiration. C’est ensuite aux Français de juger qui l’incarne le mieux.
Le gaullisme, c’est trois choses. La première, c’est l’indépendance du pays et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, au premier rang desquels la France. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La France n’a plus la maîtrise de ses lois, de son budget, de ses frontières et de sa monnaie. La deuxième, c’est le rassemblement des Français au-delà des partis sur un projet de redressement national. La troisième, c’est un humanisme et une vision sociale. Cela me paraît très important, et nous en sommes bien loin quand je regarde les programmes des uns et des autres. Voilà pourquoi, avec le million de Français qui vote pour Debout la France, nous continuons notre chemin. Le gaullisme est profondément moderne.
Lire l’article sur atlantico.fr : http://www.atlantico.fr/decryptage/nicolas-dupont-aignan-henri-guaino-ne-peut-pas-se-trahir-eternellement-et-rester-malheureux-chez-republicains-nicolas-dupont-2590504.html/page/0/1