Délégué national Debout La France, dont il est membre du bureau politique, Damien Lempereur revient pour RT France sur la démission de Christiane Taubira du gouvernement.
RT France : Quelle est votre première réaction quant à la démission de l’ancienne Garde des Sceaux ?
Damien Lempereur (DL) : Enfin ! Debout La France demandait le départ de Mme Taubira depuis maintenant de (trop) longs mois et celui-ci ne peut donc être qu’une bonne nouvelle tant nous avons critiqué sa politique.
Néanmoins, il faut aussi comprendre que son départ ne règle rien, puisque le mal a déjà été fait, notamment en matière de politique pénale. La loi Taubira a ainsi induit une certaine forme de laxisme, qui a mené à un sentiment d’impunité pour les délinquants et les criminels à certains endroits de notre territoire.
RT France : Pensez-vous que son successeur, le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas, fera du meilleur travail ?
DL : Si la démission de Taubira est une bonne nouvelle, je ne suis pas sûr que l’on puisse en dire autant de la nomination de son successeur. En effet, celui-ci est connu pour un ensemble de mesures sécuritaires, comme la loi renseignement, qui a été votée à l’Assemblée nationale. Debout La France l’avait dénoncée en raison de son aspect liberticide et Nicolas Dupont-Aignan avait voté contre.
Et même avant les attentats, Urvoas avait porté des mesures assez critiquables en matière de liberté. Si l’on ne peut pas préjuger de son travail en tant que nouveau Garde des Sceaux, il faudra néanmoins être attentif, notamment parce que ce dernier a voulu, à un moment, fusionner le ministère de la Justice avec celui de l’Intérieur, ce qui est une aberration.
Aussi, il ne faudrait pas passer d’un excès à un autre. Le fait de voir Urvoas succéder à Taubira démontre d’ailleurs toute l’incohérence du gouvernement.
RT France : Fondamentalement, cette évolution au sein de l’Elysée va-t-elle changer quelque chose à la politique menée ?
DL : La simple nomination de Jean-Jacques Urvoas ne change rien, pour l’instant, puisque la loi Taubira n’a pas été remise en cause, pas plus que sa circulaire sur la Gestation Pour Autrui (GPA), qui équivaut à la mise en esclavage du ventre des femmes pauvres.
Nous serons donc principalement attentifs aux actes, et non seulement aux discours. Sous ce gouvernement, malheureusement, ceux-ci sont en décalage l’un avec l’autre. Urvoas est d’ailleurs un proche de Manuel Valls, qui nous a lui-même habitué à avoir un discours très différent de ses actes.
RT France : Quelle influence pourrait avoir la démission de Christiane Taubira sur la crédibilité du gouvernement français à l’international ?
DL : Celui-ci n’a malheureusement déjà plus beaucoup de crédibilité à ce niveau, tant sa politique étrangère est incohérente et contraire aux intérêts nationaux. Elle est totalement soumise aux intérêts de l’Union européenne et des Etats-Unis, et non pas aux véritables intérêts des Européens. Bien que Mme Taubira fut un personnage important du gouvernement, sa démission ne devrait pas énormément changer la donne.
RT France : En décidant de quitter le gouvernement, peut-on dire que l’ancienne Garde des Sceaux met en pratique la phrase «un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne», prononcée par Jean-Pierre Chevènement lors de sa démission du gouvernement Mauroy en 1983 ?
DL : Madame Taubira a avalé beaucoup de couleuvres. Pour quelqu’un qui place la morale et l’aspect symbolique au-dessus de tout, elle aurait démissionné beaucoup plus tôt si elle avait eu le courage et les valeurs de Jean-Pierre Chevènement.
Elle claque aujourd’hui la porte dans le contexte d’un débat, sur la déchéance de nationalité, qui n’a pas beaucoup d’importance. Elle prend celui-ci comme prétexte pour démissionner, alors qu’elle a accepté des choses beaucoup plus engageantes pour le pays auparavant. La déchéance de nationalité, en revanche, est un faux prétexte pour mettre en scène son départ.
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