Vous estimez que Schengen « c’est mort de chez mort ». C’est un constat ou un souhait ?
Nicolas Dupont Aignan. Les deux. Un constat car les faits parlent d’eux-mêmes. Leur parcours l’a montré, les terroristes ont profité de Schengen, tout comme le font les trafiquants d’armes et de drogue. Et puis, bien sûr, le million de migrants qui a déferlé en Europe est une preuve de plus que le système ne fonctionne pas. On déshabille les Français dans les aéroports pour aller par exemple en avion à Nice et on ne contrôle pas nos frontières. Voyez le paradoxe ! Cela ne peut plus durer. Schengen a généré un chaos économique, social et sécuritaire. L’Union européenne a mis à bas les frontières nationales sans être en capacité d’en ériger aux portes de l’Europe. Nous sommes tombés dans un vide sidéral.
Mais n’est-ce pas plutôt la riposte désordonnée des Etats qui est à l’origine de ce chaos ?
Non. C’est à cause de l’inefficacité de Schengen que les Etats ont dû trouver des ripostes et ont dû réinstaurer en urgence des contrôles à leurs frontières. Cela fait vingt ans qu’on nous explique que l’instauration de frontières aux portes de l’Europe va venir. Mais elle ne vient jamais car c’est impossible avec 26 gouvernements. L’échec est patent. Plus personne n’est responsable de rien. Schengen non seulement ne marche pas mais en plus déresponsabilise les Etats.
Vous ne craignez pas qu’un retour aux frontières nationales soit contreproductif en termes de sécurité et économiques ?
Il n’y pas d’économies plus dynamiques que celles des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, or, les contrôles qu’il faut subir à l’entrée de ces pays sont parmi les plus sévères au monde. Quant à la sécurité, je le répète, le chaos généré par Schengen la remet en cause gravement. D’ailleurs, rien n’empêcherait une plus grande coopération des services de sécurité ou de renseignement nationaux même en l’absence de Schengen. Au contraire, même !
Juridiquement, c’est quasiment impossible pour un état de sortir de l’espace Schengen ou de le démanteler…
C’est faux. Un Etat peut toujours dénoncer un traité. C’est d’ailleurs ce que propose David Cameron avec son référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Les Etats qui aujourd’hui rétablissent les contrôles à leurs frontières à titre temporaire sont d’ailleurs des hypocrites car ils savent pertinemment que cette situation va durer. Je ne comprends pas ce déni de réalité de ceux qui nous gouvernent. C’est pourtant la sécurité des populations qui est en jeu. J’ai lancé en septembre une pétition en faveur d’un référendum sur la sortie de l’espace Schengen qui a déjà recueilli 100 000 signatures. Ceux qui défendent encore Schengen ne veulent pas admettre que l’on vit la fin d’un mythe, d’un rêve qui s’est transformé en cauchemar.