3 janvier 2015
Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité politique.
COMME UN MALAISE…
Enfin un succès, ne serait-ce qu’un succès d’audience. Onze millions de téléspectateurs ont suivi jeudi soir sur le petit écran la traditionnelle allocution de fin d’année du président de la République. Et ce n’est pas seulement parce qu’à l’heure de la plus grande écoute, les grandes chaînes généralistes ne leur laissaient pas le choix.
Il est normal, il est naturel qu’à l’heure où les attentats récents, la menace d’autres attentats, et l’hommage aux victimes rassemblent toute la nation dans la colère, la peur et le deuil, les regards et les attentes des citoyens, dans un réflexe légitimiste, se tournent vers l’homme qui, de par ses fonctions et le mandat qu’il a reçu, est le chef de l’Etat, chef des armées, gardien des lois et des libertés mais aussi garant de la sécurité et de la vie de ses compatriotes.
François Hollande le sait mieux que personne, qui a pu mesurer et apprécier le regain de popularité ou, pour mieux dire, l’inversion de la courbe d’impopularité que lui ont value les tragiques événements de janvier et de novembre 2015, les propos qu’il a tenus et les mesures qu’il a été amené à prendre. Il ne s’est donc pas fait faute d’endosser une fois encore, en cette soirée de la Saint-Sylvestre, le costume, taillé un peu large pour lui, mais si flatteur, de père de la nation, de protecteur des Français et de commandant en chef de la lutte implacable qu’il assure avoir déclarée au terrorisme djihadiste. Il a même invoqué à plusieurs reprises, avec, apparemment, beaucoup d’émotion, la « patrie », un terme qui jusque il y a peu, n’appartenait pas à son vocabulaire et que le parti dont il est issu n’était pas loin de considérer comme un gros mot.
A Debout la France, nous ne sommes pas adeptes des petits jeux politiciens, la seule carte que nous jouons est celle de l’intérêt national. De même qu’il a voté l’état d’urgence, Nicolas Dupont-Aignan se prononcera pour la déchéance des binationaux qui, en prenant les armes contre notre pays, ont démontré qu’il n’était pas le leur. Nous ne cesserons pas pour autant de dénoncer le manque d’audace, le manque d’envergure, le manque de vision que révèle la procédure de révision constitutionnelle étriquée et inadaptée qui sera soumise dans le courant de ce mois au Parlement.
Les menaces qui pèsent sur nous appellent pourtant une riposte d’une toute autre ampleur. Un gouvernement à la hauteur de la situation poursuivrait une réflexion et mènerait une action de remise en cause des accords de Schengen, de notre politique d’immigration, de notre politique de prévention et de répression du crime organisé. Il redéfinirait les conditions non seulement de la perte mais de l’acquisition de la nationalité française, il remettrait en vigueur, pour les Français nés français et non binationaux, la dégradation civique, il augmenterait les effectifs et les moyens de l’armée et de la police, il adapterait notre système pénitentiaire au nombre et à la gravité des faits de terrorisme déjà commis et à venir. Nous sommes loin de compte, et ce n’est pas d’un pouvoir velléitaire et d’un Etat faible que nous pouvons attendre, dans quelque domaine que ce soit, les réactions cohérentes et vigoureuses qui s’imposent.
La suite du bref discours des vœux présidentiels et l’accueil qui lui a été fait est assez éclairante à cet égard. Réaffirmant pour la énième fois que la lutte contre le chômage était « la première de ses priorités », M. Hollande s’est cru autorisé à annoncer pour 2016 la création de centaines de milliers d’emplois, ce qui lui permettrait, n’est-ce pas, de se représenter sans manquer à sa parole.
Il n’a échappé à personne que les emplois annoncés, s’ils devaient se réaliser, ne le seraient qu’à coup de subventions et de détaxations, et qu’il ne s’agirait donc, une fois de plus, que d’emplois artificiels payés par nos impôts. Dès hier matin, selon une enquête express du Parisien, journal populaire sans coloration politique, 93% des lecteurs ayant répondu au sondage affirmaient ne pas croire aux mirobolantes promesses du président.
93% ! Un chiffre à rapprocher des 74% de Français qui se refusent à imaginer qu’il puisse leur être redemandé en 2017 de choisir entre M. Sarkozy qu’ils ont retoqué en mai 2012 et M. Hollande qu’ils ont spectaculairement désavoué quatre fois depuis son entrée en fonctions, lors des municipales, des européennes, des cantonales et des régionales et contre qui ils se prononcent très régulièrement et très massivement par le plébiscite quotidien que constituent les sondages.
Le mandat qui a été donné simultanément, il y a près de quatre ans, en vertu de la funeste adoption du quinquennat, à M. Hollande et à sa majorité, court jusqu’en avril 2017. La légalité de ce mandat est incontestable et pourtant nul n’ignore que si le peuple était à nouveau consulté par referendum, lors de législatives résultant d’une dissolution, ou lors d’une présidentielle anticipée consécutive à la démission de l’actuel président, ce mandat ne serait pas renouvelé. Le président de la République et sa majorité homogène réduite au seul P.S. ne sont plus représentatifs de la France de 2016. Donc, démocratiquement illégitimes. Donc, moralement disqualifiés. Donc, politiquement impuissants. Il y a là comme un malaise…
Dominique Jamet