Discours de Nicolas Dupont-Aignan
Lundi 16 novembre
Congrès du Parlement
Monsieur le Président du Congrès
Monsieur le Président du Sénat
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
« Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c’est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; Politique étrangère, je fais la guerre ; je fais toujours la guerre » Clémenceau – 1918.
Cette phrase de Clémenceau devrait nous inspirer ce jour où l’Etat islamique a attaqué la France au cœur de Paris.
C’est le meilleur hommage que nous puissions rendre aux victimes de cette barbarie, de cette lâcheté, de cette guerre totale que nous livre l’Etat islamique.
Le Président de la République a appelé aujourd’hui à l’unité nationale.
Oui, nous avons besoin d’unité nationale.
Mais l’unité nationale n’a de sens que si elle s’incarne dans des actes forts, cohérents et durables, capables, oui, de nous permettre, tel que nous le demandait Clémenceau, de gagner cette guerre.
On ne gagne jamais à moitié une guerre.
Nous approuvons tous, je le crois, ici, les annonces du Président de la République, les frappes aériennes, l’état d’urgence, le contrôle de nos frontières, l’expulsion des terroristes étrangers et la déchéance de nationalité pour les binationaux, les moyens supplémentaires pour nos forces de sécurité.
Je les approuve d’autant plus que je les ai réclamées inlassablement depuis les attentats de janvier dernier et que tous les Français se demandent pourquoi certaines décisions n’ont pas été prises depuis.
Raison de plus pour ne plus perdre une minute, mais pour ne pas perdre une minute, il faut encore clarifier certaines positions de la France.
La position de la France sur le théâtre syrien tout d’abord. Oui, quand la France mettra-t-elle fin à sa position diplomatique ambiguë vis-à-vis de la Syrie. On ne peut pas combattre l’Etat islamique et Bachar El-Assad en même temps.
Quand la coalition aura-t-elle le courage de parler d’intervention au sol, car nous le savons tous, les frappes ne suffiront pas.
Clarification nécessaire aussi sur le plan intérieur. Quand l’Etat arrêtera-t-il une position ferme vis-à-vis des djihadistes de retour sur notre sol avec ce fameux principe de précaution qui vaut pour l’environnement mais qui ne semble pas encore assez pour des vies humaines.
Oui, combien d’attentats faudra-t-il subir avant d’interner les terroristes français en un territoire lointain comme aux temps où la République savait se défendre!
Oui, mes chers collègues, ce n’est pas d’aujourd’hui que la France est en état d’urgence, et ce dans tous les domaines.
Urgence dans le domaine migratoire. Oui, il est peut-être temps d’endiguer les flux migratoires qui déstabilisent notre pays et nourrissent – on en a la preuve aujourd’hui – le terrorisme. J’étais fin août pour me rendre compte sur l’île de Leros en Grèce. J’avais alerté en vain sur le fait que des djihadistes se cachaient parmi les migrants.
A quoi servent des contrôles aux frontières, en admettant que ceux-ci soient réellement mis en place, ce qui n’est pas partout le cas aujourd’hui, si la politique migratoire de notre pays ne change pas radicalement ?
Or, le Président de la République a été clair sur ce point. Il ne veut pas voir l’effondrement du système Schengen. Il se refuse toujours au retour indispensable pour garantir la sécurité des Français de nos frontières nationales.
Urgence face à la délinquance qui vit du trafic de drogue, gangrène nos cités et nourrit le terreau du fanatisme comme le prouve le parcours des tueurs de chaque attentat.
Souvent interpellés, rarement condamnés, jamais emprisonnés. Ainsi va la Justice à la mode des lois Taubira et Dati. Je n’ai pas non plus entendu le Président de la République demander leur abrogation.
Urgence face à l’islamisme radical en expulsant les imams qui prêchent la haine et en fermant les mosquées salafistes comme a su le faire la Tunisie.
Je n’ai pas entendu le Président de la République aborder cette question fondamentale. A l’évidence, cette question peut gêner. Mais c’est la question que se pose tous nos compatriotes aujourd’hui.
Cette guerre sera longue et difficile contre un ennemi multiforme et tentaculaire.
Cette guerre exige une réponse totale de notre part, comme l’avait fait Clémenceau en 1918. Voilà pourquoi il est vital de mobiliser nos concitoyens et d’appeler à l’effort patriotique. Le drapeau tricolore a été brandi comme un symbole de notre liberté dans le monde entier.
Il est important de réapprendre à nous défendre collectivement. C’est le sens de ma proposition de rétablissement du service militaire qui permettrait de ressouder notre jeunesse et de détecter les apprentis fanatiques.
La question est simple aujourd’hui : sommes-nous capables de passer des effets d’annonces aux actes ? Notre survie est à ce prix.
La France est en deuil. J’adjure solennellement le gouvernement de faire en sorte que ce terrible deuil soit le dernier.