On apprenait en début de soirée, de source officielle, qu'un accord avait été conclu entre la Russie et la France à la suite d'un entretien entre François Hollande et Vladimir Poutine. Le président de la République française a donc fini par acter la conclusion prévisible et lamentable de ce qui est devenu au fil des mois l'affaire puis le scandale des Mistral.
La France aura «la pleine propriété et la libre disposition des deux bâtiments», indique l'Elysée, précisant que la Russie sera «exclusivement et intégralement remboursée». Dans le contexte de crise que nous connaissons, je n’ai cessé d’appeler le gouvernement à la responsabilité car la résiliation d'un contrat signé au nom de la France par son gouvernement et les pénalités qui s'ensuivent ne constituent pas seulement une aberration économique mais symbolisent l'inféodation de notre pays à des considérations et des pressions extérieures.
J’ai par ailleurs dénoncé le paradoxe qu’il y avait à refuser de livrer les Mistral à la Russie tout en acceptant de vendre des Rafales au Qatar. Comble de la stupidité, l’Elysée affirme que la France aura pleine propriété des deux bâtiments, sans préciser que ces deux navires sont invendables en l’état et inutilisables. Leur entretien à quai coûtera plus de 5 millions d’euros par mois !
Ce contrat d'un milliard et demi d'euros avait fourni du travail à des dizaines d'entreprises françaises, amorcé une conopération fructueuse entre l'industrie nationale et l'industrie russe. En témoignant de notre savoir-faire en matière de construction navale et militaire, il devait déboucher sur d'autres commandes. Que valent désormais les engagements pris par la France s'il suffit d'un claquement de doigts des Etats-Unis, de l'Allemagne et de la Pologne pour remettre en cause notre parole?
Ce n'est pas seulement le crédit et l'avenir de notre industrie qui sont compromis par l'annulation du contrat des Mistral, mais l'indépendance de notre politique étrangère et donc notre souveraineté qui font l'objet d'un nouvel abandon aux yeux du monde entier.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la France