Enfin ! Voilà des années que le cartel des banques escroque les Français, et ce n'est que cette semaine qu'il a été décidé de les sanctionner. Mercredi, la Commission européenne a condamné six banques à une amende record de 1,7 milliard d'euros pour avoir manipulé les taux interbancaires. La Société Générale devra à elle seule débourser 446 millions d'euros de pénalités. Bien que ces amendes atteignent un montant record, elles sont dérisoires au regard des sommes manipulées et faussées par ces banques. Ce sont plusieurs milliers de milliards d'euros dépendant des taux interbancaires que cette escroquerie a impactés. Encore une fois les banques et leurs dirigeants sont protégés. On peut se demander pourquoi ce scandale a mis autant de temps à être révélé, et surtout pourquoi les sanctions sont aussi faibles. Les dirigeants des banques en question n'ont même pas été inquiétés puisque aucune peine de prison n'a été prononcée. Que la concurrence est belle quand une poignée de ploutocrates s'entendent pour l'organiser !
Un homme, en particulier, est aujourd'hui bien silencieux. Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France depuis novembre 2003, a sous sa responsabilité le contrôle des banques françaises. En juillet 2012 lorsque l'affaire avait éclaté, il avait voulu rassurer en déclarant : « Les banques françaises qui font partie des panels ont fait l’objet de demandes d’information. Elles y ont répondu et à ma connaissance, aucun reproche ne leur a été formulé». C'est comme si le gendarme demandait au voleur d'apporter lui-même les preuves de sa culpabilité. On pouvait toujours attendre.
Suite à la condamnation des banques placées sous son contrôle, il n'est curieusement demandé aucun compte à M. Noyer. Que faisait ce Monsieur Noyer pendant cette dernière décennie alors qu'il n'a pas vu venir la crise des subprimes, qu'il a laissé l'affaire Kerviel se produire et qu'il a permis aux banques de s'adonner quasi ouvertement à de l'évasion fiscale en mettant en œuvre des montages frauduleux ? Aujourd'hui on peut légitimement se demander à quoi sert Christian Noyer et surtout comment il peut encore être en place.
Cette affaire de manipulation des taux interbancaires met en lumière que la crise n'a rien changé aux comportements des banques. Le maintien de M. Noyer, malgré un bilan accablant, en est la parfaite illustration. Aujourd'hui les banques continuent à profiter pleinement de la machine à sous qu'est l'Euro. Elles ont un monopole privé sur la création de monnaie et prêtent sans risque aux États européens avec des belles marges à la clef. La France par exemple paye plus de 50 milliards d'euros d'intérêt par an aux banques. Tout cet argent devrait servir à financer l'économie réelle. Pourtant les prêts aux PME et particuliers n'ont jamais été aussi faibles. Comment les statistiques de la banque de France peuvent montrer une croissance des encours pour les PME alors que nombre de nos entreprises sont touchées par des restrictions de crédit ?
Les banques sont devenues un problème majeur. A l'origine de la crise, elles affichent aujourd'hui une santé insolente grâce aux plans de sauvetage. L'argent des contribuables a servi à sauver les banques. Pour nous remercier, celles-ci restreignent le crédit à l'économie réelle et escroquent les Européens en manipulant les taux. Il est temps de reprendre le pouvoir, ce dont semble bien incapable le Ministère de l’Économie et des Finances. Et cela doit commencer par le renvoi de Christian Noyer.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République