Depuis déjà de nombreuses années, construire les projets industriels de demain relève de la gageure politique. Le gouvernement socialiste n'y coupe pas. Après avoir écrit une lettre au Père Noël pour la France de 2025, il rêve de la nouvelle France industrielle.
Sur le papier, les 34 projets industriels sont magnifiques. C'est une formidable ode à la France colbertiste et conquérante. Lors du grand emprunt, Michel Rocard et Alain Juppé avaient déjà imaginé les grands projets d'avenir. Ils avaient ciblé les secteurs dans lesquels la France devait investir. Tout cela est pourtant resté lettre morte.
Pourquoi ? Parce qu'il y a 4 ans comme aujourd'hui, nos grands stratèges ont oublié la condition sine qua non pour que les rêves deviennent réalité. Cette condition, c'est la compétitivité de notre industrie. Tant que les coûts de production seront aussi chers, jamais aucun projet ne pourra éclore. Nous aurons beau avoir des idées, elles resteront dans des cartons.
Notre industrie subit des charges toujours plus exorbitantes. La réforme des retraites, comme le budget 2014, vont encore les alourdir. Or il faudrait conduire une baisse massive, sans précédent, des charges qui pèsent sur les PME. L'euro est aussi un autre boulet qui freine le développement de nos entreprises. Avec une monnaie aussi chère, nos entreprises sont balayées dans la concurrence internationale. Le dernier défaut de ces projets vient de leur financement. Le gouvernement prévoit d'investir 3 milliards d'euros, là où le grand emprunt avait mobilisé 22 milliards. Dans son rêve éveillé Arnaud Montebourg imagine le TGV de demain. Mais il faudrait qu'il se réveille. A l'époque le TGV avait été financé grâce aux milliards d'euros que l'Etat français avait emprunté à taux zéro à la Banque de France… Cet été les banques privées ont obtenu en 24h de la part de Pierre Moscovici, 25 milliards supplémentaires directement ponctionnés sur le livret A des Français. Et 2 mois plus tard, on peine à trouver 3 milliards pour l'industrie et les emplois de demain ? Pas la peine de faire un dessin pour comprendre qui tient les rênes du pays.
Enfin je m'étonne que ceux qui nous parlent d'Europe tous les jours soient les premiers à l'oublier quand il s'agit de l'avenir. Ces 34 projets seraient un formidable moyen d'unir nos forces avec nos voisins européens. Pourquoi ne pas travailler sur la voiture propre avec nos voisins allemands ? Pourquoi ne pas construire l'avion électrique avec nos voisins italiens ? Comme ses prédécesseurs, François Hollande préfère l'Europe des banques et des commissaires de Bruxelles à l'Europe des grands projets.
Comme toujours les socialistes rêvent la vie. Les Français, eux, la vivent durement au quotidien. Et ce n'est pas la "nouvelle France industrielle" qui peut leur faire espérer un avenir plus radieux.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République