Aujourd'hui les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes organisent une nouvelle journée de mobilisation. Le projet en suspens depuis la remise de nouveaux rapports au gouvernement n'en finit décidément pas d'alimenter un feuilleton médiatique. Une fois encore le gouvernement choisit de laisser une situation pourrir plutôt que de prendre les décisions de bon sens qui s'imposent. Comme sur le mariage homosexuel, le gouvernement divise inutilement quand l'intérêt général impose des décisions rapides et simples.
Le 10 janvier dernier je me suis rendu personnellement sur le site de Notre-Dame-des Landes. Lors de réunions de travail, j'ai rencontré les représentants d'associations défendant ou s'opposant à l'aéroport. En écoutant les arguments des deux parties, je me suis forgé une conviction : ce projet est à la fois inutile et coûteux.
En pleine crise économique le coût de 600 millions d'euros est exorbitant. L'aéroport actuel de Nantes pourrait tout à fait être aménagé pour supporter la faible hausse du trafic aérien de ces prochaines années et la construction d'une nouvelle piste Est-Ouest permettrait de réduire considérablement les nuisances aériennes. Au lieu de ça, M. Ayrault, père du projet, s'entête à construire un nouvel aéroport qui ne sera desservi par aucune gare TGV. En vérité l'ancien maire de Nantes lorgne sur les terrains laissés libres par l'aéroport. Leur valeur foncière serait un ballon d'oxygène pour l'agglomération nantaise. Mais cette manne financière ne justifie en rien de brader toute une région et la qualité de vie des localités voisines. L'intérêt général impose de définitivement enterrer ce projet de nouvel aéroport.
Ce dossier a assez trainé. Cette journée de mobilisation doit faire à comprendre à M. Ayrault qu'il est temps de faire le deuil de son aéroport. S'il ne prend pas une décision rapide, on risque un nouveau pourrissement de la situation. Le gouvernement a besoin de se concentrer sur les dossiers vitaux pour l'avenir de la France, et ils ne manquent pas. Construire un nouvel aéroport dans l'agglomération nantaise n'est définitivement pas une priorité nationale.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République
Pour rappel : Compte-rendu de ma visite du 10 janvier 2013 à Notre-Dame-des-Landes
J’ai passé la journée en Loire Atlantique. Après la rencontre avec les syndicats du chantier naval de Saint-Nazaire, j’ai participé à une réunion de travail sur le site de Notre Dame des Landes.
Au terme d’échanges approfondis, j’ai définitivement forgé ma conviction que ce projet d’aéroport est à la fois inutile et coûteux. Au-delà de l’aspect environnemental, (2000 hectares des meilleures terres du bassin laitier gâchées définitivement, violation de la loi sur l’eau puisque 90% du site est en zone humide), ce projet est un non sens économique et budgétaire.
Le coût au minimum de 600 millions d’euros permettra seulement de construire à une vingtaine de kilomètres de Nantes, l’exacte copie de l’aéroport dit de Nantes-Atlantique qui se situe au sud de la ville.
Le comble, c’est d’investir autant d’argent pour placer un aéroport sur un site qui n’est desservi par aucune infrastructure de transport ferroviaire et qui sera éloigné de toutes liaisons TGV.
Contrairement à ce qui est répété par l’ancien Maire de Nantes et désormais Premier Ministre, il est tout à fait possible de développer, sans nuisance supplémentaire et à un coût bien inférieur, l’actuel aéroport qui conserve un véritable potentiel.
Il est d’ailleurs surprenant de construire un nouvel aéroport alors qu’on ne pourra pas fermer l’ancien puisqu’il est indispensable au fonctionnement de l’usine Airbus de Nantes.
Le montage financier retenu est aussi très particulier puisque la société Vinci n’avance pour ce projet que 100 millions d’euros en échange d’une délégation de service public sur 55 ans et avec un prêt stupéfiant des collectivités locales à la société privée de 115 millions. Le reste des fonds sont effectués par emprunt garanti par les collectivités et par le bénéfice de la gestion par Vinci de l’aéroport actuel.
Certains milieux économiques croient ou font semblant de croire que ce nouvel aéroport permettra des liaisons internationales sans passer par Paris. C’est là aussi un non sens car si les demandes existaient, elles seraient déjà opérationnelles au départ de Nantes-Atlantique qui est loin d’être en surcapacité.
Enfin, pour arracher la décision, on invoque les nuisances aériennes sur la ville de Nantes. Là aussi il faut contredire l’argumentaire. Il n’y a pas plus de 50 000 mouvements par an et si l’on voulait vraiment supprimer toutes les nuisances, il est tout à fait possible de construire une nouvelle piste dans le sens Est/Ouest.
En vérité, l’aéroport de Nantes est abandonné depuis 20 ans dans le secret espoir de le faire déménager pour récupérer des terrains. Ce qui peut être justifié pour le seul intérêt de la ville est injustifiable si l’on pense à l’intérêt général.
Une association sérieuse intitulée « NEXUS » a présenté un projet alternatif qui, à la différence de certains écologistes qui refusent à tort tout investissement, propose de mieux utiliser l’argent public et privé en prolongeant pour la même somme la ligne TGV entre le Mans et Angers.
L’intérêt économique global pour la région Pays de la Loire, que tous souhaite légitimement, serait beaucoup plus important. L’aéroport d’Angers tout neuf est vide, serait à 60 minutes de Paris par TGV et pourrait être utilisé pour soulager les aéroports parisiens. Les Nantais seraient beaucoup plus proches des aéroports d’Orly et de Roissy et les nuisances liées au transport aérien seraient réduites.
Je désapprouve les méthodes de certains alternatifs écologistes mais il faut à un moment arrêter aussi le gaspillage de l’argent public, la collusion des intérêts privés et publics, les grands projets qui ne sont là que pour flatter les égos des grands féodaux de collectivités locales et de chambres de commerces. Faudrait-il pour cela reconstruire, j’allais dire ressusciter l’Etat avec un grand E, c'est-à-dire le lieu d’arbitrage dans le seul intérêt des Français.
Il est évident qu’aujourd’hui la raison serait à tout le moins de remettre à plat ce dossier de Notre Dame des Landes.
Rien ne presse. Les terrains sont achetés et donc ne disparaîtront pas. La conjoncture n’est pas fameuse et le trafic aérien n’est pas demandeur et nos concitoyens méritent le respect car il s’agit de leur argent.
M. Ayrault, Premier Ministre, aura-t-il l’intelligence d’oublier sa casquette de Maire de Nantes ? Je croyais que le gouvernement était hostile au cumul des mandats.