"Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage […], il ne sera pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance", qui "a pris le contrôle de nos vies".
Ces mots sans concession ont été prononcés par le candidat François Hollande il y a presque un an lors de son discours au Bourget. Depuis, le candidat est devenu le Président, et son attitude de Matamore a été confrontée à la dure réalité des faits. En passant des discours aux actes, il semble que M. Hollande ait oublié toutes ses promesses. D'ennemi de la finance il en est devenu le complice.
Le projet de loi sur la réforme bancaire qui a été présenté aujourd'hui est une terrible supercherie. Le candidat Hollande avait promis de séparer les banques de détail des banques d'investissement, le Président Hollande s'est couché devant les injonctions des PDG des grandes banques. Le candidat Hollande avait promis d'interdire les pratiques spéculatives les plus dangereuses, le Président Hollande a fait marche arrière devant les marchés financiers, y compris sur le trading à haute fréquence.
C'est une capitulation terrible de l'intérêt général au profit des intérêts particuliers. Même la Grande-Bretagne, pays de la City, vient d'imposer aux banques des règles prudentielles très strictes, notamment pour la séparation des activités spéculatives. Cette capitulation révèle un choix politique profond. Comme les autres Présidents avant lui, François Hollande a décidé de privilégier les intérêts de quelques banques plutôt que mettre la priorité sur les PME et de l'industrie.
Je ne saurais dire si M. Hollande a manqué de courage politique ou s'il n'a simplement jamais cru aux discours de sa campagne. Mais une chose est sûre : il vient de trahir le peuple français.
Le problème avec M. Hollande est qu'il avait 60 engagements mais que les Français ne l'ont élu que pour une promesse : sortir le pays de la crise. Or depuis son élection, M. Hollande semble dépenser beaucoup plus d'énergie sur des sujets accessoires (mariage homosexuel, droit de vote des étrangers, euthanasie) que sur l'essentiel (le retour de la croissance et la lutte contre le chômage). Ce n'est pas la peine d'aller chercher ailleurs l'explication de sa chute dans les sondages.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République